Le Peuple.VS


La Voix des partisans

Financer l’assurance maladie comme l’AVS

En cette fin du mois de septembre, chacune et chacun est suspendu à l’annonce de la forte hausse des primes d’assurance maladie prédite comme inévitable. Comme réponse à cette augmentation, le discours politique et médiatique dominant n’évoque qu’une seule piste : « endiguer » les coûts. 

Cette unique réplique permet habilement d’éviter de parler de trois informations importantes : (1) l’ilot de cherté suisse s’applique également aux coûts de la santé en Suisse, qui sont élevés en comparai-son internationale, mais pas plus que d’autres sec-teurs de l’économie ; (2) l’augmentation des coûts n’est pas une spécialité suisse. Elle s’observe dans tous les pays européens ; (3)  la spécialité suisse tient au fait que nous payons le même montant de prime d’assurance maladie, que l’on gagne mo-destement ou très bien sa vie. C’est sur ce dernier point que nous devons absolument agir, car il est bien là, le mal de notre système de santé.

Financer la santé, sans tenir compte de la capaci-té financière, aucun autre pays d’Europe ne le fait autant que la Suisse, qui est championne d’Europe du non financement public (graphique). En effet, seul un petit tiers des coûts est payé de manière solidaire en Suisse. Le solde est réglé individuel-lement, que ce soit par les primes, la franchise ou les versements directs (dentistes et autres frais de santé). Partout ailleurs, l’impôt ou des retenues pro-portionnelles au salaire financent très largement la santé : 78 % en Allemagne, 75 % en Autriche. Si ce système profondément inéquitable pouvait en-core tenir avec les primes de 1996 à 170 francs par mois, il fonce droit dans le mur avec les primes moyennes valaisannes de 440 francs en 2022 (prime adulte, 300 francs de franchise).

venus moyens et supérieurs. On me rétorquera que le mécanisme de subventions permet de résoudre ce problème. L’existence même de ce dispositif est la démonstration que notre financement de la santé est mal pensé. Mais passons sur cette objection fondamentale, pour analyser deux cas. Le Valais n’octroie aucune aide pour une famille monoparen-tale avec un enfant gagnant plus de 4400 francs net par mois, ou pour une personne seule gagnant plus de 2700 francs. Est-il acceptable aujourd’hui de ponctionner plusieurs centaines de francs sur de si faibles salaires ? Est-il défendable de retran-cher la même somme sur ces faibles revenus, que sur des revenus de 10’000 francs ou plus ? Les ré-ponses sont évidemment, non et non.

Mais alors que faire ? À court terme, il faut s’enga-ger pour que l’initiative fédérale qui veut limiter à 10 % du revenu le montant des primes soit adop-tée. Pour le moyen terme, nous devons changer plus fondamentalement de modèle de finance-ment. Les Suisses payent aujourd’hui 31 milliards de primes maladie obligatoires chaque année. La masse salariale annuelle dans notre pays est d’en-viron 410 milliards. Une ponction sur les salaires de moins de 8 %, paritairement partagée, peut fi-nancer notre assurance maladie obligatoire. Cette simulation financière un peu sèche, démontre qu’il est tout à fait possible de penser le financement de notre santé comme celui de notre AVS. Cette idée est l’une des réponses possibles pour répartir plus équitablement la facture de la santé. Car pour garantir un accès aux soins pour toutes et tous, il est indispensable que cette facture soit réglée de manière bien plus solidaire qu’elle l’est aujourd’hui

La conséquence de cette charge financière impor-tante sur les faibles revenus, couplée au « choix » presque imposé d’une franchise maximale, est le re-noncement aux soins pour des raisons financières. Et les chiffres font mal. En Valais, le renoncement à une consultation chez les médecins est trois fois plus élevé pour les faibles revenus que pour les revenus moyens et supérieurs. On me rétorquera que le mécanisme de subventions permet de résoudre ce problème. L’existence même de ce dispositif est la démonstration que notre financement de la santé est mal pensé. Mais passons sur cette objection fondamentale, pour analyser deux cas. Le Valais n’octroie aucune aide pour une famille monoparen-tale avec un enfant gagnant plus de 4400 francs net par mois, ou pour une personne seule gagnant plus de 2700 francs. Est-il acceptable aujourd’hui de ponctionner plusieurs centaines de francs sur de si faibles salaires ? Est-il défendable de retran-cher la même somme sur ces faibles revenus, que sur des revenus de 10’000 francs ou plus ? Les ré-ponses sont évidemment, non et non.

Mais alors que faire ? À court terme, il faut s’enga-ger pour que l’initiative fédérale qui veut limiter à 10 % du revenu le montant des primes soit adop-tée. Pour le moyen terme, nous devons changer plus fondamentalement de modèle de finance-ment. Les Suisses payent aujourd’hui 31 milliards de primes maladie obligatoires chaque année. La masse salariale annuelle dans notre pays est d’en-viron 410 milliards. Une ponction sur les salaires de moins de 8 %, paritairement partagée, peut fi-nancer notre assurance maladie obligatoire. Cette simulation financière un peu sèche, démontre qu’il est tout à fait possible de penser le financement de notre santé comme celui de notre AVS. Cette idée est l’une des réponses possibles pour répartir plus équitablement la facture de la santé. Car pour garantir un accès aux soins pour toutes et tous, il est indispensable que cette facture soit réglée de manière bien plus solidaire qu’elle l’est aujourd’hui

Florian Chappot, conseiller communal et député