Chantre de la liberté, vraiment ? 

Depuis des années déjà, l’Union Démocratique du Centre veut se placer en rempart contre les atteintes à nos libertés. Trop de taxe, trop d’interdiction, trop de discours moralisateurs. Soit. Dans le même temps, cette même UDC était à l’origine d’un texte visant à…interdire la publicité des steaks végétaux en Valais. Rien que ça. Ce parti, qui critique régulièrement l’infantilisation de la population, estime donc qu’il est possible que des individus se fassent berner par le terme « steak végétal » quand bien même ceux-ci se trouvent dans les rayons vegan. N’est-ce pas un peu prendre le citoyen pour un demeuré ? Est-ce réellement un sujet qui impacte la vie de milliers personnes dans notre canton ? N’y a-t -il pas une dissonance cognitive entre les visions politiques et les actions concrètes ? Lors de la dernière session du Grand Conseil valaisan, un député UDC du haut répondait « Nous avons d’autres problèmes » au postulat des Vert.e.s demandant une taxe sur les chats. D’autres problèmes dans le canton, comme ces maudits « steaks végétaux » qui gangrènent la vie des Valaisannes et des Valaisans. Ou peut-être que l’inscription de « Marignan », l’hymne valaisan, dans la Constitution serait une réelle avancée pour les citoyen·nes de notre canton ? Et qu’importe si une modification de constitution coûterait plusieurs centaines de milliers de francs.

Il semblerait que quand il s’agit de réduire les budgets dans la santé, la culture, l’asile ou l’éducation, on se presse souvent au portillon à l’UDC. Alors que pour une mention purement symbolique, certain·es sont prêts à casser la tirelire. Drôle de concept n’est-ce pas ? A moins que ceci ne soit finalement qu’une manœuvre politique à quelques semaines des élections cantonales. Un soupçon de buzz médiatique mélangé à quelques gouttes de populisme et on obtient en partie la recette du succès de l’UDC.

C’est dans ce contexte que la gauche peut et doit offrir une alternative aux Valaisannes et aux Valaisans. En minorité depuis que des humains peuplent ce territoire, il demeure important de faire entendre la voix de celles et ceux qu’on oublie souvent. A l’instar de ce que propose notre conseiller d’Etat Mathias Reynard, le Valais a besoin d’humanisme, de solidarité et de lutte. Sans forcément jeter le bébé avec l’eau du bain du Valais de grand-papa, il s’agira de le moderniser un minimum. Et surtout de résister à ce vent populiste aux relents fascistes. Une forme de backslash des progrès sociétaux et environnementaux que nos sociétés ont connus ces dernières années. Une nouvelle internationale réactionnaire se met en place, bien inspirée par la folie américaine de ces derniers mois. La fenêtre d’Overton s’ouvre toujours plus en banalisant n’importe quelle idée farfelue et dangereuse. Et avec la théorie Flood the zone with shit (littéralement inonder la zone avec de la m…) chère à une frange populiste, tout ne devient que polémiques, déclarations chocs et fake news. Pendant ce temps-là, tout le monde s’y perd et sans s’en rendre compte, « nous » normalisons certaines propositions qui auraient été inconcevables il y a peu de temps encore. Sentant le vent des idéaux fascistes et de son acceptation par une minorité grandissante, il est important d’offrir aux citoyen·nes une vision définitivement opposée à cette tendance mortifère. Ne laissons pas les illusionnistes, les ingénieurs et théoriciens du chaos dicter le ton de la société. Face à cette internationale réactionnaire, nous ne pourrons compter que sur nos propres forces. Rappelons-nous que, lorsqu’il se sent menacé, le capitalisme choisira toujours le fascisme plutôt que la justice sociale. A quelques jours d’élire notre nouveau parlement, il est encore temps d’inverser cette tendance nauséabonde. Comme l’a rappelé la journaliste française Salomé Saqué en concluant l’émission La Grande Librairie, citant le philosophe Alain : « Tout peuple qui s’endort en liberté se réveillera en servitude. » A ne jamais oublier, que ce soit ici pour les prochaines élections, mais également partout dans le monde lorsque certaines sociétés basculent progressivement vers des régimes totalitaires.

Yoann Bodrito, rédacteur en chef

Le PeupleVS 2025