Le lundi 10 mars, une session extraordinaire du parlement a eu lieu sur le thème « Asile et souveraineté ». Lors de celle-ci, la majorité bourgeoise a réussi à imposer à nouveau sa politique raciste qui ne considère pas les migrant·es comme des êtres humains comme les autres, mais les voit comme des criminel·les, avérés ou en devenir.
Parmi les objets étudiés, un nouveau renforcement des contrôles aux frontières a été accepté. De plus, un projet d’hébergement des demandeur·euses d’asile accusé pénalement dans des centres spéciaux sous surveillance permanente a été aussi porté par l’UDC, ce qui revient de facto à supprimer la présomption d’innocence. Une autre motion demande par ailleurs à ce que les autorisations de séjours « (asile, admissions provisoires, statut S, regroupement familial, etc.) » soient retirées aux personnes ayant commis des infractions à la loi sur les stupéfiants.
Toutes ces propositions font un lien fort entre migration et crime, tout en enfreignant fondamentalement le principe de proportionnalité et en proposant une justice à deux vitesses ! Ces attaques contre les principes de l’État de droit ne sont pas vaines, mais font parties, avec sa posture pseudo-oppositionnelle, de la stratégie de tromperie et d’instigation de la peur de l’UDC, dont l’objectif est de permettre au capitalisme mourant de survivre en se développant en système autoritaire. En effet, bien que la société actuelle soit déjà fondamentalement une dictature de la bourgeoisie, par l’immense pouvoir de contrôle sur les industries qui est dans les mains des ultra-riches et leur force de lobbying, les diverses crises qui traversent le système économique capitaliste forcent la bourgeoisie à développer toujours plus les politiques d’oppression des masses défavorisées. Le « nous contre eux » que propose l’UDC a pour objectif de nous éloigner de la réalisation de l’enjeu véritable, du réel combat : la lutte contre l’impérialisme et le patriarcat ! En effet, il est clair que les assauts contre les migrant·es ne sont qu’une étape dont l’objectif est de relégitimer et de justifier le développement de l’appareil répressif de l’État avant de le retourner contre d’autres groupes opprimés.
Face à ces tentatives, aucune concession ne doit donc être faite ! Il peut paraître tentant de rentrer dans ce jeu pour essayer de grapiller quelques électeur·rices à l’extrême droite. Or, agir d’une telle manière, c’est assuré à l’UDC une nouvelle montée aux prochaines élections, en participant à la légitimation de leur vision. Malheureusement, c’est sur cette lancée que l’on retrouve le PS Suisse, soutenant encore et toujours les politiques racistes du conseiller fédéral Beat Jans, tels que son positionnement favorable au pacte européen sur l’asile, avec lequel le risque de violation des droits fondamentaux est élevé. Ainsi, Beat Jans ainsi que la direction du Parti socialiste se rendent complices des conditions inhumaines que l’on inflige aux migrant·es. Pour les mêmes raisons, le PS porte une part de responsabilité dans l’essor de l’UDC, et doit impérativement réinvestir au plus vite le terrain de l’opposition politique ! Au contraire de ces tentatives franchement minables d’électoralisme que l’on retrouve à travers le globe dans les partis sociaux-démocrates, nous devons nous opposer, ensemble, immigré·es ou non, à toute tentative d’assaut raciste et autoritaire contre une partie de la classe populaire !
Julien Berthod