Le 12 juin 2025, Bruno Retailleau, ministre français de l’Intérieur, a annoncé la dissolution officielle de l’organisation antifasciste française « La Jeune Garde ». Cette organisation, fondée en 2018, est connue pour avoir constamment été une épine dans le pied de l’extrême droite française.

On compte en effet à son actif plusieurs victoires, comme les fermetures des locaux des groupements d’extrême droite à Lyon, Strasbourg ou Lille. On relèvera aussi l’élection à l’Assemblée nationale de son fondateur Raphaël Arnault, qui utilise depuis lors la tribune officielle de l’État afin d’alerter contre la montée en puissance, mais également l’immunité dont bénéficie l’extrême droite en France.
La dissolution de cette organisation antifasciste en France envoie un signal inquiétant. L’extrême droite parvient désormais à agir au niveau des plus hautes sphères afin d’éliminer tout contre-discours. Cette décision soulève une question : qu’en est-il en Suisse ?

Le constat est préoccupant. Au niveau fédéral, l’extrême droite reste un non-sujet. De l’avis même du Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports, la Confédération ne dispose d’aucune base légale pouvant permettre d’agir ou de surveiller efficacement les groupuscules d’extrême droite ou de les interdire. Pire encore, cette constatation s’accompagne d’une absence totale de volonté politique de s’emparer de ce sujet. Il n’existe donc que très peu de données officielles quant à cette problématique.

Cette passivité s’accompagne d’une relative immunité par une absence quasi totale de condamnation de la part de l’UDC, actuellement premier parti de Suisse, mais également d’autres structures du bloc bourgeois. Cette situation n’est toutefois pas surprenante. Ces mouvements d’extrême droite pratiquent depuis maintenant plusieurs années un travail d’entrisme au sein des organes de l’UDC. Cette situation a par ailleurs déjà été largement documentée par le site Renverse et par le journal Page de gauche, qui a produit un article sur la situation de l’extrême droite en Valais. L’article démontrait que des membres du groupe Militant Suisse occupaient des postes de cadres au sein de l’UDC ou étaient élus sous les couleurs du parti.
Dès lors, on constate que la lutte contre le discours d’extrême droite échoit aux cantons, communes et à la société civile en général.

Au niveau cantonal, des formations dans les écoles quant au danger de l’extrême droite et à sa place dans l’histoire doivent avoir leur place ; de même, les campagnes de lutte contre les discriminations doivent clairement nommer cette menace. Enfin, un travail de mémoire du Valais, notamment quant au passé frontiste, devrait être entamé.
Les communes peuvent empêcher les groupes d’extrême droite d’avoir accès aux locaux communaux afin d’y organiser des conférences ou d’y installer des bureaux. De même, la généralisation et la formation des éducateurs de rue peuvent permettre de repérer et d’agir, par l’information, auprès des jeunes, les plus susceptibles d’adhérer à ces discours, afin de les empêcher de sombrer dans ces idéologies.
Enfin, il est également central que toutes les organisations et associations qui défendent une vision de la société où le vivre-ensemble est un socle non négociable doivent intégrer la logique antifasciste à leur combat. En agissant ainsi, une base commune de discussion peut être créée afin, d’une part, de mieux coordonner les actions, et d’autre part, d’offrir un front commun si nécessaire.

Darius Boozarjomehri

Le PeupleVS 2025