Pour se positionner face à la révision de la loi concernant l’ouverture des magasins (LOM), les citoyennes et citoyens du canton devront répondre à la question suivante : qui en paiera l’addition ?
Un passage en revue des conséquences de sa mise en œuvre leur apportera une réponse claire.
Détérioration importante des conditions de travail du personnel de la vente
Avec des journées de travail à rallonge à cause d’horaires coupés bien souvent, d’horaires irréguliers, ainsi que du travail sur appel, les conditions de travail du personnel de la vente sont déjà très difficiles, avec des salaires bas qui plus est.
En allongeant l’horaire d’ouverture à 19h en semaine, soit de plus de 30 minutes, la loi révisée conduit à une détérioration importante des conditions de travail du personnel de la vente, rendant encore de surcroît plus difficile la conciliation entre leur vie familiale et leur vie professionnelle. En effet ces 30 minutes d’ouverture supplémentaires augmentent considérablement l’amplitude horaire des salarié.e.s de la vente et rallongent leurs journées de travail. Et ce sans compter le temps de travail après la fermeture effective des commerces. Par ailleurs les horaires coupés déjà nombreux dans la branche vont encore davantage se multiplier.
Avec cette extension se pose également la difficulté de la garde des enfants en bas âge. En effet les structures d’accueil ferment avant que les parents soient en mesure de venir chercher leurs enfants.
Par ailleurs, la création possible de nouvelles zones touristiques dans le canton, zones de quasi non droit pour le personnel, puisque les commerces peuvent y être ouverts 7/7, dimanches et jours fériés compris et ce jusqu’à 21 heures, ouvre la porte à un chamboulement complet des conditions de travail pour le personnel concerné. En effet, ce n’est plus d’une détérioration de conditions de travail dont il faut parler mais d’un véritable cataclysme avec des fermetures pouvant aller jusqu’à 21 heures tous les jours, à quoi se rajoute le fait de devoir travailler le dimanche.
Les thuriféraires de cette révision sont des sophistes
Les partisans de la réforme nous en ventent les vertus car elle permettrait, selon eux, d’adapter les horaires à nos changements de mode de vie, de lutter contre le tourisme d’achat, et de favoriser le petit commerce.
Or avec les structures commerciales actuelles en Valais, ni un autochtone, ni un touriste n’a jamais été empêché de faire ses achats à cause des heures d’ouverture. Pour le tourisme d’achat, il s’agit d’un problème de pouvoir d’achat qui se règle par l’augmentation des revenus. Quant aux petits commerces, l’Ucova, leur organisation faîtière, elle s’oppose également à cette réforme.
Nous devons donc constater que les supposés avantages de cette réforme ne recouvrent pas une once de réalité empirique. Ils sont en fait uniquement des gesticulations sémantiques utilisées par les défenseurs de cette régression sociale pour masquer la vacuité de leurs arguments en espérant nous faire prendre des vessies pour des lanternes et une régression pour un progrès alors qu’en fait, en idiot utile, pour reprendre l’expression consacrée, ils défendent uniquement les grandes surfaces seules bénéficiaires de cette réforme.
La population valaisanne doit exprimer son soutien au personnel de la vente
En refusant massivement, au-delà des étiquettes partisanes, la réforme de la LOM en votation populaire le 3 mars, la population valaisanne à l’occasion d’exprimer son soutien franc et entier au personnel de la vente, principal concerné, qui refuse à juste titre d’en payer l’addition par une véritable attaque frontale contre ses conditions de travail et de vie.
Blaise Carron, secrétaire régional Unia