Nos voisins italiens viennent de commémorer, le 25 avril dernier, lors de la Fête de la Libération, les sacrifices faits par celles et ceux qui ont combattu pour libérer leur pays de la tyrannie. Une tyrannie née des entrailles même de leur nation, incarnée par l’infâme duce et ses suiveurs-assassins. Ce 25 avril permet aussi, et je dirais même surtout, de célébrer la résilience et l’unité du peuple, et de rappeler au monde la lutte pour la liberté et la justice.

Milan, Turin et Gênes furent libérées le 25 avril 1945, suivies ensuite par toute la péninsule. Il fut alors décidé de conserver cette date pour célébrer, chaque année, l’Anniversaire de la Résistance, et ce dès 1946. Un décret déclara : « Pour célébrer la libération totale du territoire italien, le 25 avril 1946 est déclaré fête nationale. » Cette libération commémore, de fait, la fin de la Seconde Guerre mondiale, la chute du régime fasciste instauré par Mussolini, ainsi que la fin de l’occupation nazie du pays. Rien que ça.

Pourquoi j’insiste sur ce que représente en réalité cette date, fériée depuis lors en Italie ?
Vous n’êtes pas sans savoir qu’aujourd’hui, à la tête du pays, nous les retrouvons : ceux-là mêmes qui se cachaient comme des rats après plus de deux décennies de dictature fasciste. Dispersés dans la foule, tête basse, honteux de voir leur chef tenter de fuir en Suisse habillé en soldat allemand, puis pendu par les pieds comme une chauve-souris, exposé sur la Piazzale Loreto à Milan.

Ils ont repris du poil de la bête, retrouvé leurs habitudes, sortis de la fange brunâtre. Comme la mauvaise herbe, ils se sont disséminés, ont bénéficié des perfusions et soins des ultra-libéraux de par le monde, ont tenté, et parfois réussi, à reprendre le pouvoir dans certains pays.

Trop facile de citer Pinochet, Orbán, Bolsonaro, Milei, Netanyahou, Trump, et j’en passe. Une nouvelle vague brune se prépare ailleurs, et nous ne sommes pas épargnés en Suisse.

L’Italie n’est pas en reste avec les lugubres Matteo Salvini et Giorgia Meloni. Si Salvini n’a pas inventé la poudre de perlimpinpin, tant sa crédibilité est proche du néant, Meloni – rappelons-le, présidente du Conseil – est un réel danger. C’est du fascisme à l’état pur, une réactionnaire à en faire vomir. Elle qui hurle sur les podiums : « Sono Giorgia, sono una donna, sono una madre, sono una cristiana », grand bien lui fasse.

Cette femme, pourtant mère et chrétienne, a ouvert des camps de détention en Albanie, où sont désormais déporté·e·s nombre de celles et ceux qui sont parvenu·e·s à rejoindre Lampedusa ou d’autres rivages, sur des embarcations de fortune, au péril de leur vie. Des embarcations où se trouvaient des femmes, des mères, des chrétiennes (ah non), des enfants — surtout des enfants.

Et elle bêêle sans arrêt, accourt dès qu’elle en a l’occasion dans les bras de « l’agent orange » états-unien, vomit sur l’Europe tout en déposant une liste à son nom lors des élections européennes.

Et elle s’offusque parce que les Italien·ne·s veulent célébrer la Fête du 25 avril, parlant d’une lutte des communistes (car tout ce qui est à gauche de la droite est désormais communiste selon les médias officiels italiens, aujourd’hui aux mains des gouvernants), contre la démocratie. La Fête de la Libération et de la Résistance serait une lutte contre la démocratie ?
Mon papa, partisan durant la guerre, doit se retourner dans sa tombe. Lui avait connu les trains et les camps de détention, coupable de ne pas avoir adhéré au parti fasciste.

Ce 25 avril est une commémoration de la Victoire du monde libre contre le fascisme et le nazisme. Par ailleurs, l’article 12 de la Constitution italienne interdit la reconstitution du Parti fasciste.

Et cette dame a finalement demandé à ce que cette date soit commémorée avec sobriété. Pourquoi ? Parce que le Pape est mort. Celui-là même pour qui la Fête du 25 avril avait du sens, en rapport avec nombre de ses convictions. Celui-là même qui avait été traité d’ordure par l’actuel président argentin Milei, copain comme cochon de Meloni.

Mais vous voulez le pompon ? Ces larbins d’extrême droite militent pour que « Bella Ciao », chanson des partisans universellement connue, soit interdite. Et elle le fut dans nombre de communes fascistes ce 25 avril, dans la désobéissance généralisée de leurs habitants.

Una mattina, mi sono alzato, O bella ciao…


Jean-Pierre Bodrito, Sion

Le PeupleVS 2025