Fêtée dignement dans sa commune d’Ayent début mai, Patricia Constantin a pris ses fonctions de première citoyenne du canton.

Très sollicitée par les médias, la nouvelle Grand Baillif a été plébiscitée partout. A l’image du conseiller d’Etat Mathias Reynard qui s’est permis cette comparaison : « Tu es au monde politique valaisan ce que le Palp festival est à la culture : une merveilleuse Electroclette ». Avec un score de 123 voix sur 130 possibles il y a de quoi avoir le sourire. A l’heure de l’apéro du vendredi, Patricia nous a accordé un peu de son temps, désormais plutôt chargé, pour donner ses premières impressions et répondre à quelques questions.

Félicitations pour ton entrée en fonction en tant que Grand Baillif ! Qu’est-ce que cela représente pour toi, à titre personnel ?

À titre personnel, cette nomination représente l’aboutissement d’un engagement politique entamé il y a plus de vingt ans. C’est une reconnaissance du chemin parcouru, des convictions défendues et du travail accompli sur le terrain. Obtenir 123 voix montre que mon engagement a été perçu et soutenu. C’est une grande source de satisfaction et un honneur de pouvoir aujourd’hui assumer cette fonction, avec toute la responsabilité qu’elle implique.

Ce rôle est souvent méconnu du grand public. Comment décrirais-tu concrètement tes missions en tant que Grand Baillif ?

En tant que Grand Baillif, j’assure principalement deux missions. La première est la représentation du Grand Conseil à travers tout le canton. Il s’agit de porter la voix de l’institution, de transmettre ses valeurs, ses décisions et son rôle dans notre démocratie. Concrètement, cela peut représenter jusqu’à 230 événements par an : cérémonies officielles, rencontres avec la société civile, représentations protocolaires, etc. C’est un engagement conséquent, mais heureusement, je ne suis pas seule pour l’assumer, c’est un travail d’équipe.
La deuxième grande mission concerne l’aspect organisationnel et administratif du Grand Conseil. Cela inclut la préparation et la conduite des séances, le suivi des affaires courantes, ainsi que la coordination avec le Service parlementaire. Ensemble, nous veillons notamment à la bonne tenue des six sessions annuelles, en assurant que tout se déroule de manière fluide, structurée et conforme aux règles institutionnelles.

Le Grand Conseil valaisan reste un acteur politique fort dans le canton. Quelle est, selon toi, la marge de manœuvre réelle d’un Grand Baillif dans ce système ?

La marge de manœuvre est limitée dans le sens où je ne prends pas part aux débats ni aux votes en plénum. Mon rôle est avant tout de garantir le bon déroulement des séances, dans le respect des règles et de la parole de chacun·e. Cela ne signifie pas que je n’ai plus d’opinion ou d’engagement personnel, bien au contraire. Je continue à participer aux séances du groupe, mais dans l’enceinte du Grand Conseil, je me dois de rester neutre et d’assumer pleinement mon rôle de présidence, au service de l’institution.

Comment comptes-tu faire entendre ta voix et impulser des changements, tout en respectant un rôle qui reste avant tout institutionnel ?

Même si le rôle reste institutionnel, il existe des marges pour impulser des améliorations. Le système est bien rodé, mais grâce à des échanges réguliers avec le Service parlementaire et une bonne collaboration avec le Conseil d’État, je peux faire remonter des besoins ou proposer des ajustements.

Tu es une femme à un poste symboliquement fort dans un canton où la politique a longtemps été dominée par les hommes. Tu succèdes à une femme et la prochaine présidente sera également une femme. Qu’est-ce que ça t’inspire ?

C’est chouette. Bien sûr, femmes et hommes peuvent avoir des sensibilités différentes, mais ce qui compte avant tout, ce sont les compétences, l’engagement et la capacité à assumer cette fonction avec sérieux.

Le Grand Conseil, c’est un lieu de débats parfois vifs. Tu vas devoir faire preuve de neutralité tout en gérant les tensions. Comment abordes-tu ça ?

Cette année, deux valeurs me tiennent particulièrement à cœur : le respect et la bienveillance. Le respect des personnes, de leur parole, et des idées, même lorsqu’elles ne rejoignent pas les nôtres. Le Grand Conseil doit rester un lieu de débat ouvert et constructif, où chacun·e peut s’exprimer dans un climat serein et attentif.

Quand on regarde ton parcours, on sent un engagement de longue haleine. Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire de la politique à la base ?

À la base, ce n’était pas quelque chose que j’avais prévu. Mon engagement a commencé un peu par hasard, lorsque j’ai eu l’occasion de mettre un pied à l’étrier au Conseil général d’Ayent. Et ça m’a plu. Ensuite, mon élection au Grand Conseil a renforcé mon intérêt : j’ai découvert le fonctionnement des institutions, les liens entre les différents niveaux politiques, les réseaux, les projets à construire. C’est aussi agréable de vivre cette proximité typiquement valaisanne, où l’on peut croiser des politicien·nes sur une terrasse et échanger simplement. Ce lien direct et accessible entre les élu·es et la population est quelque chose de précieux, qu’on ne retrouve pas forcément ailleurs.

Quand tu n’es pas dans l’arène politique, tu fais quoi pour te ressourcer ?

J’aime partager des moments simples, comme sortir et manger avec des ami·es, ou partir en balade. J’apprécie aussi les moments de calme, regarder un bon film ou profiter de passer du temps avec mes filles, notamment lors de petits séjours ensemble.

Enfin, une question plus personnelle : qu’est-ce qui te motive, au quotidien, dans l’engagement public ?

Pouvoir améliorer le quotidien des gens. Parfois c’est de toutes petites victoires, mais pour certaines personnes, ça peut concrètement changer leur vie. Et ça c’est gratifiant. Comme les réductions des coûts à CHF 15.- par jour pour les patients de la Maison Azur. C’est quelque chose de concret pour la vie des personnes concernées.

Pour conclure, un dernier mot pour les gens qui nous lisent ?

J’encourage toutes celles et ceux qui ont envie de s’engager à oser le faire et à croire en leur place. Le nouveau groupe parlementaire compte de nombreux profils prometteurs, avec des personnes motivées et pleines d’idées. C’est enthousiasmant et très prometteur pour l’avenir.

Le PeupleVS 2025