C’était une des surprises des élections communales de 2024 : Mathieu Aymon détrônait le sortant Christophe Beney et accédait à la présidence de la commune d’Ayent.

Avec plus de 117 voix d’avance, sa victoire ne souffrait d’aucune contestation. La commune a renoué avec le rouge après une législature marquée au centre. Pointé du doigt par certain·es en raison de son jeune âge — 26 ans —, il a préféré répondre aux critiques en rassemblant autour de lui, tant dans son propre camp qu’au-delà.  « Fédérateur » : un mot qu’il affectionne et qu’il continue de revendiquer. Pour Le Peuple.VS, il est revenu sur ses premiers mois à la tête de la commune d’Ayent.

Salut Mathieu. Comment se passe ces premiers mois en tant que président de commune ?

Très bien pour le moment. C’est beaucoup de travail lié à la nouveauté du poste. De nombreux dossiers, dont certains plus lourds mais c’est une activité qui me plait énormément. Et pour l’instant, les citoyen·nes semblent satisfaits.

Qu’est-ce que ça fait d’avoir comme adresse mail president@ayent.ch à seulement 26 ans ?

Pour l’anecdote, l’adresse mail n’existait pas avant 2025, c’est donc une nouveauté dans la commune (rire). Sinon pour le reste, les critiques sur mon âge ne me touchent très peu. Je suis trop concentré sur les tâches en cours pour réellement faire ce pas de côté et réfléchir à ma situation mais j’ai conscience d’être probablement un des plus jeunes présidents de commune du pays.

De ce côté-là, tu ressens plutôt de la méfiance des gens ou au contraire plutôt de la bienveillance d’être jeune à un poste de président ?

Il y a peut-être eu une légère appréhension au début, mais je ne crois pas que ça a duré. Au final, les gens jugent surtout sur le travail accompli ainsi que sur la maitrise des dossiers. Cette fonction implique naturellement un haut niveau d’exigence.

On imagine aussi qu’être réduit exclusivement à son âge n’est pas très flatteur, d’autant plus quand on défend des idées socialistes. Comment tu vois les choses ?

Mon âge, je n’y peux pas grand-chose. C’était d’ailleurs un des seuls arguments retenus contre moi pendant la campagne. Au final, ça n’a pas été un élément décisif pour les citoyen·nes d’Ayent puisqu’ils ont décidé de me faire confiance pour ces quatre ans.

Malgré une présidence socialiste, le PS reste minoritaire à l’exécutif (3 PDC, 2 PS, 1 PLR, 1 UDC). Comment se passe la cohabitation ?

Je dirais qu’il manque quand même un siège à la gauche pour faire plus de poids. Néanmoins, le fait de pas avoir de parti majoritaire est quelque part une bonne chance pour nous puisque nous devons discuter en profondeur de chaque sujet. Et puis, ça pousse également à mieux maitriser les dossiers pour les défendre, une sorte de garde-fou.

On imagine que le rôle d’un président d’une « petite » commune est conséquent. C’est un 70% mais qui se révèle être un 120%, c’est ça ?

C’est effectivement plus du 120% que du 70%. En plus de tout le travail administratif, il y a beaucoup de séances et de représentation. Cela va de la bénédiction d’une croix dans un village à la réception de la présidente du Grand-Conseil en passant par un apéro avec des investisseurs étrangers. Disons que c’est plutôt varié en termes de représentation.  Et il y a bien entendu beaucoup de travail de terrain avec les habitant·es qui ont parfois des questions ou des situations conflictuelles à gérer.

Qu’est-ce qui te plait le plus dans ce rôle ?

La proximité avec les gens. C’est une fonction qui a du sens. On représente quelque chose qui nous dépasse, on est le visage d’une institution. On se rend compte également qu’on peut améliorer concrètement la vie des gens. Par exemple, dès l’année prochaine, la commune adoptera une nouvelle grille salariale avec une revalorisation à la clé, notamment pour le personnel de la crèche qui avait des conditions pas optimales. C’est du concret pour les personnes concernées.

Le réchauffement climatique impose des défis croissants au Valais, notamment en matière de dangers naturels. Ayent étant une grande commune de montagne en termes de superficie, comment anticipe-t-on et gère-t-on ces risques pour les années à venir ?

Disons qu’à Ayent, nous sommes passablement « chanceux » avec la topographie. Il n’y pour l’instant pas de risque majeur par rapport aux autres communes. Néanmoins, on voit quand même que les incendies sont plus fréquents et plus difficile à maitriser, surtout dans certaines zones inaccessibles. L’appui aérien pour éteindre le feu est parfois nécessaire ce qui engendre des coûts supplémentaires. Rien que cet été, nous avons eu 4-5 départs de feu sur la commune. Pour le reste, en plus des mises à jour parasismique, nous devons aussi prévoir des budgets pour la mise à jour de notre PGEE (plan général d’évacuation des eaux) pour anticiper d’éventuelles inondations.

Quand t’as pris ta carte au PS en 2016, tu t’imaginais moins de 10 ans plus tard président de ta commune ?

Absolument pas. Je n’avais pas d’ambition particulière. Et je n’en ai pas non plus actuellement. Je me sens bien à la tête de la commune d’Ayent et je compte y rester.

A l’issue du scrutin l’année dernière, les commentateurs politiques parlaient d’un vote contre l’ancien président sortant qui a favorisé ton score éclatant. Est-ce une pression supplémentaire auprès de ces gens qui voulaient du changement ?

Je suis totalement conscient de cela et de ce fait ça me pousse à faire preuve d’encore plus d’humilité. J’ai quatre ans pour prouver aux gens qui m’ont fait confiance qu’ils n’ont pas eu tort.

Est-ce que tu cherches encore la 1000e voix dans la commune pour lui offrir un café ? (NDLR : il a obtenu 999 voix)

Ce que je peux dire, c’est que je connais cette fameuse 1000ème personne. Trêves de plaisanterie, j’ai été flatté par ce score, c’était un résultat net, ce qui me donne de la légitimité dans ce rôle.

Propos recueillis par la rédaction

Le PeupleVS 2025