Sous ce titre accrocheur, vous l’aurez compris, je vais pousser un coup de gueule. Chaque année, le mois de septembre, en contraste avec les couleurs chaudes de l’automne qui ravivent la nature, voit une douche froide s’abattre sur les ménages de notre belle Helvétie.
Le couperet tombe : les primes maladie augmentent encore et encore et encore.
Deux camps s’affrontent alors :
- D’un côté, ceux qui pensent que la santé est un marché qui obéit à la logique économique, libérale, et qui, par conséquent, doit générer du profit.
- De l’autre, ceux qui pensent que la santé est un bien inestimable, qui doit être accessible à tous, sans distinction, et qui ne répond pas à la logique de marché.
Le premier camp pousse des cris d’orfraie, vilipendant les ministres de la santé, en général tous des « gauchistes ». Par exemple, un éminent libéral valaisan y va de front face au ministre valaisan de la Santé, emboîté en cela par les nationaux-conservateurs de l’UDC, reprochant une politique socialiste dans la santé valaisanne, qui ne fait qu’entraîner une hausse des coûts, alors que M. Reynard est l’unique représentant de gauche au gouvernement (sur 5) et que le parlement valaisan est clairement dominé par le camp bourgeois (97 sur 130) face à la gauche socialiste (20 sur 130). Ce canton pratique une politique qui, aux yeux de ces détracteurs, fleure bon l’Union soviétique… C’est évident !
Ajoutez également à cela, toujours dans la logique de marché, les propositions de réformes dans la santé des milieux libéraux : la création d’une assurance budget pour les petits revenus — mais budget ne signifie pas seulement moins cher, elle signifie aussi moins de prestations. L’augmentation de la franchise de base. Une taxe à l’utilisation des urgences de l’hôpital. Etc. Etc. Etc.
La santé est un état aléatoire pour tout un chacun. Mais ne peuvent être malades que ceux qui en ont les moyens !
Pendant ce temps, ces mêmes représentants sont grassement rémunérés par le lobby financier de la santé, bombardés consultants dans des groupes de réflexion ou membres de conseils d’administration.
Et puis sortent d’autres étranges animaux du bois, comme le PDG de Novartis qui, malgré toutes les études et comparaisons, arrive à affirmer que les Suisses sont ceux qui payent les médicaments encore trop bon marché en comparaison avec les pays développés… Et qu’il faut donc les augmenter encore. Mais de qui se moque-t-on ?!
Ce monsieur, dont l’entreprise fait l’indécent bénéfice net de 12 milliards de francs en 2024, en progression de 39 % par rapport à 2023, n’a d’yeux que pour son confortable siège doré et pour engraisser ses oisifs actionnaires qui lui donneront d’autant plus volontiers une rallonge de salaire l’année prochaine, car il faut le dire : 16,2 millions de francs de salaire, c’est quand même assez peu…
Et dans tout cela, que reste-t-il ? Les assurés, accusés d’être inconscients de se rendre si souvent chez le médecin. Qui ont l’outrecuidance même de tomber malades, alors qu’on ne leur demande que de payer et de se taire… Dindons de la farce bien malgré eux. Vaches à lait, diront d’autres.
Il est temps de rappeler une vérité simple : la santé n’est pas une marchandise.
Tant que nous laisserons les actionnaires et les lobbys dicter leur loi, nous continuerons de payer toujours plus pour soigner toujours moins. Alors, la seule réponse crédible, c’est une réforme profonde : une caisse publique unique, des prix encadrés pour les médicaments, voire une nationalisation de ce secteur industriel et une politique de santé qui place l’humain avant le profit. La santé appartient à tous, pas aux marchés financiers !
Valentin Aymon