Le Conseil fédéral veut effectuer des coupes budgétaires dans la formation et la recherche. Les syndicats étudiants et du corps académique refusent une précarisation de leurs conditions.
Les mesures d’allégements budgétaires 2027 du Conseil fédéral sacrifieront les prochaines générations d’étudiant-es, de chercheur-ses, d’enseignant-es et de tous-tes professionnel-les issus d’une formation tertiaire. En effet, c’est d’abord aux taxes d’études que le gouvernement souhaite s’attaquer, rendant l’accès à la formation supérieure davantage inégalitaire et exclusif. Les ordres de grandeur sont les suivants : leur projet risque de doubler les taxes pour les étudiant-es « indigènes » et les quadrupler pour celles et ceux qui viennent « de l’étranger »[1]. Cette mesure profondément antisociale est une atteinte au droit à l’éducation, fondamental dans une société démocratique.
Les institutions seront aussi lourdement impactées et, avec elles, toutes les professions affiliées. Dans les universités de notre pays, la recherche est grandement financée par le Fond national suisse (FNS) qui soutient de nombreux projets de recherches. En voulant diminuer la subvention fédérale au FNS de 10%, le gouvernement sacrifierait 700 projets de recherche et affaiblirait « considérablement la place scientifique suisse et la qualité de la recherche helvétique »[2], ce qui correspond à plus de 2000 postes[3] ! En outre, certaines contributions actuelles permettant de financer des projets en matière d’égalité, de durabilité, de numérisation et d’encouragement à la relève académique seront supprimées.
Afin de faire pression sur les instances fédérales, notamment le parlement qui se prononcera bientôt sur ces coupes, une manifestation a eu lieu dans toutes les grandes villes de Suisse ce mercredi 1er octobre. À Berne, plus de 2000 personnes se sont mobilisées à l’appel de l’Union des étudiant-e-s de Suisse (UNES) et une pétition a été déposée à la chancellerie fédérale avec 37’000 signatures. Le soir même, la coprésidente de l’UNES et conseillère générale à Laténa (PS/NE), Sophie Wang, a débattu à Forum avec Pascal Broulis (PLR/VD). Si pour ce dernier il n’est pas choquant que les taxes d’études soient augmentées, car ce ne serait qu’« une participation à la formation » et que « chacun [doit pouvoir] participer et faire son effort », notre camarade Sophie Wang rappelle que les étudiant-es sont déjà très précarisé et que ces mesures seraient une « attaque directe à l’égalité des chances »[4].
Il est donc nécessaire de ne pas laisser ces coupes budgétaires être appliquées, d’autant plus que ce projet d’allégement budgétaire, que nous pouvons qualifier d’austère, concerne aussi le domaine social, l’intégration des étrangers, le soutien aux médias, la politique climatique, les transports, la santé… hormis l’armée. La solidarité doit donc être de mise entre les différents secteurs afin de réussir à contrecarrer ces mesures fédérales qui continueront à creuser les inégalités sociales et impacteront lourdement des secteurs essentiels au vivre ensemble.
[1] Syndicat des services publics (SSP), Communiqué de fin septembre 2025, consulté en ligne le 9 octobre 2025.
[2] Fond national suisse (FNS), Communiqué du 17 septembre 2025, consulté en ligne le 9 octobre 2025.
[3] SSP, op. cit.
[4] Radio Télévision Suisse (RTS), Forum « Coupes budgétaires : doubler les taxes pour les étudiants suisses ? Débat entre Pascal Broulis et Sophie Wang » du 1 octobre 2025, consulté le 7 octobre 2025.
Alexandre Bochatay