Le 6 juillet 2025, les citoyen·nes de Zermatt ont refusé en votation la construction de 70 logements prévu pour la location sur le toit de la gare. Le projet, estimé à 30 millions de francs et porté par BVZ Holding AG – la société propriétaire du Gornergrat Bahn – visait à créer des logements dans une station touristique durement touchée par la pénurie. Un rejet analysé en détail par le journal Walliser Bote, qui évoque un climat de méfiance envers le promoteur et un sentiment d’inégalité face à la gestion des zones à bâtir. Quoiqu’il en soit, derrière l’image d’une station prisée, Zermatt révèle ses contradictions : attirer toujours plus les touristes sans loger ses travailleurs.

Contestation dans le val de Bagnes aussi

Zermatt n’est pas un cas isolé. Dans la commune de Val de Bagnes (Verbier), le quartier de Curala, au cœur du Châble, fait également l’objet de contestations. Présenté en octobre 2022 comme un projet phare de 200 millions de francs, associant 64 logements, 700 lits touristiques et de vastes surfaces commerciales, Curala se veut exemplaire en matière d’urbanisme durable. Pourtant, en août 2023, une pétition citoyenne demandait au Conseil communal de renoncer et de repartir à zéro. À l’origine de cette mobilisation : le sentiment que cette opération sert principalement des intérêts privés et financiers, au détriment des besoins des habitants.

L’intérêt public relégué au second plan

Dans ces deux cas, le même blocage se répète. Alors que le manque de logements est reconnu, les projets censés y répondre n’intègrent pas suffisamment l’intérêt public. Les doutes se multiplient : à qui vont réellement profiter ces appartements ? Où sont les garanties d’accessibilité pour les résidents permanents, en particulier les jeunes, familles ou travailleurs saisonniers ? Ni à Zermatt, ni à Bagnes, le logement d’utilité publique à loyers encadrés n’a été placé au centre des projets. Or, cette modalité aurait à coup sûr favorisé un consensus plus large, en renforçant les avantages des nouvelles constructions pour la population.

Le contexte démographique rend ces blocages de plus en plus préoccupants. Le Valais, confronté à une forte croissance démographique, est en situation de pénurie de logements depuis 2024, avec un taux de vacance inférieur à 1,5 %. Dans les stations touristiques, la situation est bien plus critique : moins de 0,5 % de logements vacants à Zermatt, Täsch et Randa ; à Bagnes, moins de 1 %. Ce marché très tendu n’est pas sans conséquences. Les saisonniers dorment dans des bus ou se font plumer par des loyers abusifs. Les jeunes quittent leur vallée.

 Une flambée des prix sans réponse politique

Face à cette situation, le Conseil d’État valaisan ne prend toujours aucune mesure concrète. Il n’a pas instauré la formule officielle, un outil simple qui protège les nouveaux locataires contre les hausses abusives en imposant la transparence sur l’ancien loyer. Ce non-choix illustre le désintérêt que porte l’autorité cantonale face à la problématique du logement, avec comme conséquence des loyers qui flambent. Depuis 2000, ceux-ci ont bondi de 47 % en Valais, contre seulement 13 % pour l’indice des prix à la consommation – une hausse record à l’échelle nationale. Dans un tel contexte, l’inaction du canton ne peut être justifiée. Le Conseil d’État dispose de leviers clairs : instaurer la formule officielle et soutenir activement le logement d’utilité publique. Ce qui manque aujourd’hui ce ne sont donc pas des solutions, c’est une véritable volonté politique.

Florian Chappot, député

Le PeupleVS 2025