Alors que les coûts explosent et que les primes s’envolent, la Suisse persiste à traiter la santé comme une marchandise. Face à l’immobilisme politique, il est urgent de repenser en profondeur notre système, pour qu’il serve la vie plutôt que les logiques de profit.
Coup sur coup, nous avons appris que la franchise minimale allait augmenter, que les caisses maladie auraient désormais la possibilité de refuser certains prestataires de services et — sans surprise — qu’à l’automne, les primes maladies allaient une fois de plus prendre l’ascenseur.
Petit baume au cœur : une assemblée citoyenne a proposé, entre autres, que la Confédération élabore enfin une loi sur la santé. Une législation qui faisait toujours défaut au niveau fédéral. Car si nous n’avons pas chômé depuis des décennies pour fixer le cadre financier de l’assurance maladie, nous avons été bien plus paresseux lorsqu’il a fallu définir un cadre sanitaire général.
Le Parti socialiste valaisan, de son côté, récolte des signatures pour un plafonnement des primes maladies à 10 % du revenu des ménages. C’est bien, cela offrira un peu d’air aux ménages. Mais ne mentons pas à la population : cela ne fera que poser un emplâtre sur la jambe de bois qu’est devenu le système de santé en Suisse.
Pour évoluer, il faut que le système de santé sorte du paradigme du profit ! La santé n’est pas un secteur comme un autre. Lorsqu’on parle de la vie, au sens premier du terme, on ne peut — on ne doit — pas réfléchir en termes de rentabilité. Freiner les coûts de la santé en réduisant les prestations d’un côté, et augmenter les primes pour renflouer les caisses de l’autre, ne changera absolument rien.
Aujourd’hui, il serait courageux de refondre complètement le système de santé suisse :
- Dépasser le fédéralisme, en la matière. Dans un pays de 8 millions d’habitants pour 41’285 km², c’est un non-sens — notamment pour la création de pôles de compétences disciplinaires.
- Renforcer la prévention contre les risques sanitaires, tant au niveau cantonal que fédéral, car il n’est pas de meilleure économie dans la LAMal qu’une maladie qui ne survient pas.
- Améliorer le système de formation et de formation continue de tous les acteurs de la santé, afin d’avoir les meilleures personnes aux meilleurs endroits.
- Refonder le financement de l’assurance maladie, afin qu’il ne soit plus une charge insoutenable pour les ménages, via des primes par tête, mais devienne un vrai système solidaire, fondé sur une prime calculée en fonction du revenu.
- Reprendre en main la production pharmaceutique, afin de garantir un approvisionnement de qualité, sûr, et à des montants qui n’enrichissent pas les actionnaires mais participent à l’élaboration concrète de stratégies de développement et de recherches médicales.
- Stimuler la recherche médicale, afin de développer de nouveaux remèdes, médicaments et thérapies.
Avec ces mesures, on pourrait attaquer à la racine le problème du financement de la santé, sans réduire les prestations. Et surtout, sortir de la logique de rentabilité imposée par la vision néolibérale de la société. Nous pourrions enfin bâtir une véritable politique de la santé, qui s’étende de l’acte médical à la recherche.
Valentin Aymon