Si le personnel soignant est un pilier de notre société depuis longtemps, il a fallu attendre la crise du COVID pour voir une vraie prise de conscience, tant politique que dans l’ensemble de la population. Nous avons été nombreuses et nombreux à applaudir les soignant-e-s, de nos fenêtres, pendant la pandémie. Nous nous sommes mobilisés pour faire aboutir l’initiative populaire « Pour des soins infirmiers forts ».
Et maintenant, quelles sont les réponses concrètes apportées pour revaloriser ces professions ? A-t-on entendu la souffrance de la profession, les départs précoces, le risque de pénurie ? Forme-t-on davantage de personnel soignant ? Comment susciter des vocations si la charge de travail sur le terrain est insupportable en raison de dotations insuffisantes ?
Quelle fierté de pouvoir dire aujourd’hui que le Canton du Valais n’est pas resté les bras croisés ! Nous sommes même le seul canton suisse à avoir investi massivement dans des améliorations concrètes pour le personnel soignant, à passer des applaudissements aux actes. S’il reste du chemin à parcourir, il est temps de jeter un œil sur les avancées obtenues ces trois dernières années.
Commençons par le volet formation, parce qu’il est vrai que nous devons former davantage de personnel soignant si nous voulons améliorer durablement les conditions de travail et répondre aux besoins qui ne cessent de grandir, notamment au vu du vieillissement de la population. Ainsi, le Valais s’est doté en 2021 d’une loi pour de nouvelles places de stage et d’apprentissage, qui exige des institutions sanitaires qu’elles participent à l’offensive de formation en fonction de leur taille. Nous avons progressivement augmenté les places de formation : concrètement, le Valais a formé en 2023 près de 120 personnes de plus qu’en 2022 dans le domaine des soins, entre la HES, l’ES et les formations professionnelles. Un beau succès ! Et, en collaboration avec la Haute école de santé et le Département de l’éducation, nous développons de nouvelles formations, notamment le premier Bachelor à temps partiel, pour ouvrir les portes de cette formation à des personnes en reconversion professionnelle.
Mais augmenter le nombre de personnes formées dans les soins ne servirait à rien si les conditions de travail ne s’amélioraient pas et que le taux de départ du métier restait élevé. Le Conseil d’Etat a donc décidé un grand plan d’action, de 42 millions sur trois ans, pour revaloriser les professions soignantes. Concrètement, en 2023, la première étape consistait à améliorer les conditions de travail du personnel soignant de l’Hôpital du Valais (HVS) : augmentation des salaires de tout le personnel de soins, mais aussi hausse des indemnités de nuit, weekends et jours fériés. En 2024, la deuxième étape a conduit à une amélioration de la dotation à l’HVS, mais aussi à la mise en œuvre d’une Convention collective de travail (CCT) pour le personnel de soins de longue durée. Signée en début d’année, cette nouvelle étape franchie est le fruit d’un travail intense qui a nécessité la collaboration active des syndicats, des employeurs et du canton. Elle entrera en vigueur le 1er mai 2024 et améliorera les conditions du personnel des EMS et CMS du canton. Enfin, en 2025, la troisième étape renforcera encore la dotation de l’HVS et apportera des améliorations des conditions du personnel des soins de longue durée, pour se rapprocher de celles de l’Hôpital du Valais.
Le travail continue, notamment grâce à la Task Force cantonale pour les soins infirmiers. Mais c’est dans tous les cas déjà une victoire énorme. Nous avons positionné le Valais en pionnier dans la mise en œuvre de l’initiative pour des soins infirmiers forts. Nous obtenons déjà des premiers résultats aujourd’hui : le chef infirmer de l’Hôpital du Haut-Valais me disait il y a quelques jours recevoir, pour la première fois depuis des années, des offres spontanées de soignants qui étaient partis en Suisse alémanique et qui souhaitent maintenant revenir en Valais.
Surtout, nous avons montré que la politique peut changer la vie. Que nous tenons nos promesses. Que nous restons fidèles à nos valeurs, avec détermination.
Mathias Reynard, Conseiller d’Etat, chef du Département de la santé, des affaires sociales et de la culture