Lutte des classes

On pourrait penser que la lutte des classes est un sujet obsolète, une histoire d’un autre temps aujourd’hui dépassée. Noyé dans les turbulences de notre époque, entre crise clima-tique que plus personne ne peut nier, crise sa-nitaire planétaire, crise géopolitique majeure et inflation galopante, le thème est pourtant d’une actualité brûlante. En temps de crise, justement, la facture revient aux plus faibles. Les nantis pro-fiteront toujours du brumisateur qui les rafraîchit sur la plage entre deux voyages en jet privé. Les autres feront du tri et renonceront à ce qui pèse-ra trop lourd dans leur budget.

Plus grave encore, la crise profite à quelques-uns. Les entreprises pharmaceutiques, les fa-bricants d’armes, les compagnies pétrolières, les fournisseurs d’énergie… La partage des ri-chesses ici n’a jamais été évoqué, diable, vous m’en direz tant ! Les défenseurs d’une suisse libérale fonc-tionnant sur la responsabilité individuelle et la loi du marché ont une fâcheuse tendance à penser que tout va bien dans le meilleur des mondes, pire, on nous fait croire que tous les acquis sociaux ne profitent en réalité qu’aux tricheurs et fraudeurs. Sournoisement, sans le dire clairement, on attaque systématiquement ces acquis

C’est bien de lutte des classes dont il s’agit quand on refuse d’augmenter les cotisations sa-lariales pour financer une retraite juste et méri-tée pour toutes et tous. L’AVS est une assurance sociale solidaire basée sur un système qui pla-fonne les rentes mais qui perçoit des cotisations sur l’entier du revenu. Ainsi, les hauts revenus participent aux rentes des plus faibles revenus, et ce n’est là que justice. Il serait dès lors plus que justifié d’utiliser ce levier là pour garantir la pérennité de cette assurance. Les bourgeois n’en veulent pas, c’est évident, eux qui s’éver-tuent à protéger les nantis.

De tous les discours politiques entendus ces derniers mois, il faut le dire, le plus limpide, le plus social et le plus clairvoyant provient du syndicaliste et Conseiller aux Etats Pierre-Yves Maillard. Peut-être parce qu’il fait de la lutte des classes son combat quotidien. Un combat de gauche, à l’évidence !

Barbara Lanthemann, rédactrice en cheffe