Au nom de Dieux tout puissant etc.

Le débat sur le préambule a commencé avant même le début des travaux de la Constituante, préoccupation majeure de la population valaisanne, même si ce passage n’a qu’une valeur symbolique. Faut-il conserver le préambule originel, invoquant la présence divine ou le supprimer au profit d’une version plus « laïque » ? Selon la majorité de la commission 1, en charge des principes généraux, du préambule et des relations en les Eglises et l’Etat, il ne faut sous aucun prétexte y toucher. Pourquoi ne pas ajouter une narration ensuite, pour satisfaire ceux qui souhaiteraient le changer, à l’instar de Fribourg ? Il est essentiel de mettre Dieu comme responsable de ce que nous écrivons. Malgré les protestations et les arguments contre l’invocacio, qui pour ses opposant·e·s, serait dépassée, exclusive d’une partie de la population voire blasphématoire si l’on reprend les mots de Claude Rouiller. A voir maintenant comment ces propositions seront tranchées en plénum.

Concernant la place accordée à l’Eglise dans la Constitution, la situation initiale semblait déjà surannée et le travail promettait d’être long. Or, lors des séances de travail, le statu quo était maître mot. Une majorité des commissaires avait le pied au mur, malgré l’évolution de la société valaisanne. Difficile, voire impossible, de contrer cette tendance inébranlable de conserver le statut particulier des églises catholique et protestante : les tentatives étaient vaines. Arrivée au rapport, la commission avait concocté une formule étrange, accordant la possibilité à d’autre communautés religieuses d’être reconnues, pourtant sans connaître de grands avantages tels que ceux accordés aux deux Eglises principales. De plus, il était demandé une série de critères à ces communautés, la durabilité, le nombre de membre ou le respect des droits humains entre autres, une bonne chose jusque-là. Cependant, alors qu’on leur demandait d’être transparentes et démocratiques, on ne l’exigeait pas aux deux Eglises déjà reconnues. Curieux. Lorsqu’on en demande la raison, on nous répond que ce serait contraire aux principes en place au sein de ces communautés. Mais alors, si cela est contraire aux principes et au fonctionnement d’autre communautés, n’auraient-elles pas le même droit d’être reconnues ? C’est comme ça et puis c’est tout.

Au plénum, tout ça devient une autre affaire. Les propositions visant à mettre toutes les communautés religieuses implantées en Valais sur un pied d’égalité sont balayées. On refuse de faire de la place aux autres, on refuse de demander aux saintes Eglises catholique et protestante de se soumettre aux mêmes conditions que les autres, sous prétexte d’avoir peur qu’on leur interdise toute activité, qu’on ne puisse plus fêter la Fête-Dieu ou encore qu’on ne puisse plus bénir les patients dans les hôpitaux. Il n’est pas difficile de déceler dans les discours, autant au sein de la commission comme au sein de l’Assemblée, une islamophobie mal dissimulée. On entend quelque fois ce discours de peur que l’Islam prenne le dessus sur le canton, s’impose comme communauté principale. On observe là encore un refus clair de vouloir comprendre les propositions qui ont été faites. La neutralité religieuse n’est pas synonyme de laïcité stricte à l’image de Genève. C’est la volonté de mettre à égalité toutes les communautés religieuses, leur accordant les mêmes droits mais aussi leur imposant les mêmes devoirs et la même distance avec l’Etat.

Lucile Curdy