Comment vous dire la Constituante?

 

Le 4 mars 2018, la peuple valaisan acceptait la réécriture de la Constitution valaisanne et décidait que cette activité de première importance serait menée par une assemblée élue par lui-même, en souverain qu’il est. L’intérêt était au rendez-vous, puisque plus de 600 candidat·e·s se sont présenté-e·s, pour une offre de 130 mandats.
Après presque une année de travail dans la commission 7 « Autorités cantonales, principes généraux et Grand Conseil » et après avoir assisté aux différentes séances plénières, j’ai envie de partager avec vous les réflexions d’une « Constituante » parmi les autres…
Plusieurs partis, très ancrés dans la vie politique valaisanne avaient, à l’époque, combattu l’idée même de cette Constituante. Mais en bonnes démocrates, leurs instances respectives avaient ensuite accepté le verdict des urnes. Et pourtant…
Et pourtant, je sens aujourd’hui des réticences marquées lorsqu’il s’agit d’ouvrir un peu les champs de réflexion, d’accepter la moindre évolution, fut-elle demandée par la rue elle-même, c’est-à-dire par le peuple… Deux exemples :

  • Le 14 juin 2019, les femmes ont organisé une manifestation qui a rencontré un véritable succès en Valais. A cette occasion, elles ont posé des revendications politiques avec un slogan fort pour plus d’égalité homme et femme.
  • Les jeunes ont, quant à eux, défilé plus d’une fois pour le climat et des mouvements politiques se sont peu à peu organisés pour faire prendre conscience de ces réalités qui vont affecter la vie des Valaisans et des Valaisannes dans le futur.

Lors de notre première plénière, la parité dans le collège présidentiel ainsi que l’acceptation de l’écriture épicène pour la future Constitution m’ont fait espérer une rédaction des textes modernisée et à l’écoute des mouvements de jeunes.
Mais j’ai bien peur que les vieux démons ne soient en train de ressurgir : peur du changement, de la nouveauté, de l’ouverture, peur surtout que la nouvelle Constitution échoue devant le peuple. Cette inquiétude du refus, brandie comme une menace par les uns, effraie les autres qui, pour certains, n’osent plus la moindre créativité.
Si la présentation au peuple de la nouvelle Constitution dirige notre travail actuel, alors nous serons impuissant·e·s face à la tâche qui nous a été confiée par le peuple lui-même. A savoir, trouver des solutions nouvelles pour un exercice facilité de la démocratie, pour une organisation plus claire et efficace des autorités, tout en tenant compte de l’évolution rapide et constante de notre société. La peur d’un échec devant le peuple ne doit pas nous guider. Nous ne devons pas seulement prendre en compte les résultats d’élections ou de votations en Valais. Nous devons entendre aussi la vox populi, celle qui ne va peut-être pas régulièrement voter mais qui s’exprime directement dans la rue. Ainsi, la commission participative a-t-elle justement questionné la population, qui a fait des propositions dont nous devons tenir compte.
Au final, les membres de la Constituante auront comme tâche d’aller vers la population pour la convaincre que le travail de fond a été fait, et bien fait ; que les articles de la nouvelle Constitution ont été rédigés avec raison, avec pragmatisme mais aussi en songeant que cet acte premier du Canton du Valais s’inscrira dans la durée et agira sur le futur de notre pays. L’engagement des « Constituants et Constituantes » ne s’arrête pas à la rédaction du texte. Il court jusqu’à l’acceptation par le peuple d’une Constituante moderne et adaptée à notre société d’aujourd’hui et aussi à celle de demain.

Janine Rey-Siggen