Loi d’adhésion du Canton du Valais à l’accord intercantonal sur les marchés publics.

L’amendement déposé par le groupe PS/GC, par Blaise Carron, proposait la modification suivante :

Les soumissionnaires et les sous-traitants annoncés dans l’offre sont tenus de prouver qu’ils respectent la totalité des dispositions de force obligatoire des conventions collectives de travail, les dispositions normatives des conventions collectives de travail ou les dispositions des contrats types de travail qui leur sont applicables au lieu de leur siège ou de leur établissement qui sont applicables au lieu d’exécution des travaux.

A défaut, ils sont tenus de respecter celles en vigueur au lieu d’exécution.

Par 91 voix contre 33 et 2 absentions, le Parlement cantonal a refusé cet amendement.

 

Intervention du député Blaise Carron concernant cet amendement :

Madame la Présidente, Messieurs les Conseillers d’Etat, chères et chers Collègues,

Le traitement de cet amendement, à mi-législature, nous offre l’opportunité de faire notre introspection où chacune et chacun d’entre de nous peut se demander : Quel est mon rôle de député au grand conseil valaisan ? Quelle est ma mission ? Pourquoi suis-je élu ?

Si je me perçois dans ma fonction de député comme un docile exécutant, comme ayant rempli à satisfaction ma mission lorsque j’ai ânonné benoitement un credo écrit par d’autre qui plus est ; si je considère que je dois simplement accompagner le monde comme il va, si je considère que le courage politique est un oxymore, voire une tare, si je considère que la position de victime est la plus confortable parce que la moins efficace, si je considère que le mantra « de toute façon on ne peut rien faire » suffit pour masquer ma pusillanimité, si je considère que le dumping salarial et social est l’idéal indépassable de nos sociétés et que de par ma fonction de député je dois m’engager pour que ce nouvel eldorado soit atteint le plus rapidement possible, si pour filer la métaphore je considère qu’au football la plus belle des actions est de marquer contre son camp, si je considère qu’Arnold de Winkelried était un fieffé crétin et qu’il aurait dû en fait se coucher devant les Autrichiens, alors chers collègues je vous invite effectivement à rejeter cet amendement.

Par contre si je considère que dans ma fonction de député valaisan, je dois savoir faire preuve d’audace, que d’avoir raison avec les miens, pour les miens est plus important que de se mettre à dos d’autres, d’autres cantons par exemple qui n’ont pas eu ce courage ; si je considère que je dois pouvoir m’affranchir des diktats, que je peux penser par moi-même et que je suis capable de me forger librement mon opinion, de ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul ; pour reprendre la belle expression de Cyrano de Bergerac, si je considère que c’est important de pouvoir regarder mes concitoyens dans les yeux parce que j’ai le sentiment légitime de les avoir représentés au mieux, au plus près de ma conscience quitte à prendre quelques risques ; si je considère que j’ai des comptes à rendre aux gens qui m’ont élu ; si je considère donc que la défense des entreprises valaisannes, des emplois valaisans et des conditions de travail en vigueur en Valais fait partie de mon mandat et que pour cette raison les conditions de travail en vigueur en Valais  doivent être la référence lors d’une mise en concurrence, plutôt que d’être jetées en pâture, méprisées, bafouées au nom de valeurs supérieures qui n’ont de supérieur que le nom car il s’agit en fait de valeurs purement financières profitant à quelques-uns au détriment de tous, alors chers collègues je vous invite effectivement à accepter cet amendement.

 

Blaise Carron, député, secrétaire régional Unia Valais