Les promesses de l’inclusion scolaire se dissipent face au budget étatique.
Pour 654 CHF par mois, mon rôle demande autonomie et responsabilité. En tant que stagiaire au Centre Pédagogique Spécialisé (CPS) de Martigny, j’accompagne des enfants en « mesures renforcées » – troubles du spectre autistique (TSA), trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H), difficultés scolaires – entre Riddes, Isérables et Saxon. Suite à quelques observations dans mes différents lieux de travail, des questions me viennent quant à l’inclusion et au financement dans le domaine de l’éducation. Je vous partage alors, à travers cet article, ce qui m’a le plus frappée.
Des stagiaires laissées pour compte…
Tout d’abord, nous pouvons remarquer que l’École, en tant qu’institution, se revendique inclusive, mais la réalité se veut plus complexe. Des enfants aux difficultés ou troubles importants sont encadrés par des stagiaires sans formation. Par exemple, je passe 25 de mes 32 périodes hebdomadaires seule à m’occuper d’enfants en mesures renforcées. Cela peut impliquer de mauvaises réponses face à des situations de crise. Aussi, les stagiaires pourraient se sentir démunies, illégitimes et sous pression, risquant de subir une surcharge émotionnelle. L’incertitude des apprenties occasionnerait un environnement instable à l’enfant. L’autonomie que nous garantit la formation pratique s’avère tout de même valorisante. En revanche, elle révèle également un manque de soutien et de suivi.
L’égalité des chances ?
Ensuite, la rémunération de 654 CHF par mois rend ces stages inaccessibles pour de nombreuses jeunes dépourvues de soutien financier. Elle crée alors une barrière économique et exclut toutes celles qui ne peuvent se permettre de travailler à ce tarif. Par son salaire, ce stage exclut une partie de la population cible. De ce fait, la démarche n’est pas inclusive.
Des besoins non comblés.
De plus, avec des budgets serrés, les écoles confient les élèves en difficulté à des personnes non formées, faute de moyens pour engager des professionnelles qualifiées. Les enseignantes spécialisées doivent, en plus de leurs cours, remplir des tâches administratives et créer des outils pédagogiques adaptés. Il manque à la fois des enseignantes et du temps pour la prise en charge des élèves ayant des rythmes d’apprentissages différents.
Repenser les priorités !
Pour conclure, dans les faits, nous constatons une insuffisance budgétaire évidente pour l’éducation. Elle se traduit autant dans le manque de professionnelles, que dans le salaire des stagiaires. Aussi, nous relevons la grande disparité entre le discours de l’Ecole et les actions concrètement menées. Garantir un soutien adéquat aux enfants en difficulté devient urgent et indispensable. Comment faire remonter l’information ? Avons-nous besoin que les professionnelles de l’éducation se mettent en grève ou l’Etat est capable de leur faire confiance et de s’apercevoir des nécessités ? Sans une réelle revalorisation des ressources humaines et financières, l’inclusivité reste un concept de façade !
Par souci de représentativité en milieu scolaire, les termes « enseignante », « professionnelle », « stagiaire », « apprentie » et « jeune » sont toujours utilisés au féminin dans ces quelques lignes. Cela n’exclut en aucun cas les autres genres.
Aline Moret