Fin du monde, fin du mois, même combat

Il est assez classique d’opposer un socialisme « bobo »[1] qui se préoccuperait principalement des questions écologiques, à un socialisme plus proche des questions sociales, des vrais problèmes de fin du mois. Au-delà des chapelles politiques créées par cette distinction, cette manière de voir ne permet pas de mettre en lumière les nombreuses convergences qui existent entre la protection de la nature, et la justice sociale. L’exemple de la mobilité est, à ce titre, très parlant. En effet, la mise en œuvre d’un système de transports publics efficace et abordable, ainsi que des réseaux de mobilités douces, est une cause éminemment socialiste, car elle sert en premier lieu les bas revenus.

Les bas revenus utilisent plus les transports publics

Ce sont dans les catégories sociales avec les plus faibles revenus, catégories qui ne possèdent souvent pas de voiture, que l’on retrouve logiquement le plus d’utilisateurs des transports publics et de mobilité douce.  Le développement d’une offre de transports publics fiable et accessible financièrement, permet à ces personnes de se déplacer plus aisément, notamment pour accéder à un travail.

La voiture, une lourde charge pour les ménages

Pour améliorer les conditions matérielles de la population, il faut soit augmenter les salaires, soit baisser les charges. Or la voiture est un poste budgétaire très important pour les ménages. Avoir l’opportunité de s’en passer partiellement ou complètement, c’est économiser plusieurs milliers de francs par année et par véhicule, plus de 10’000 francs selon le TCS. Dans ce cas, le « pouvoir d’achat » se transforme en « pouvoir de ne pas acheter », pouvoir aux mêmes effets bénéfiques pour les fins de mois et qui, cerise sur le gâteau, participe à moins consommer.

Santé et qualité de vie péjorée par le trafic routier

Les pollutions engendrées par le trafic individuel motorisé constituent un problème de santé publique majeur. Et là encore, ce sont les bas revenus qui trinquent le plus, celles et ceux qui inhalent du gaz d’échappement à longueur de journée et dorment mal à cause du bruit. Car c’est à proximité des axes routiers très fréquentés, que l’on retrouve les logements les plus accessibles financièrement. Limiter le trafic routier en proposant d’autres alternatives de mobilité, améliore la santé de la population, en particulier celle des populations les moins dotées.

On transpire moins au mayen

Les conséquences du réchauffement climatique touchent de manière plus forte les moins bien lotis de notre planète, mais aussi en Suisse. Quand en plein été à Sierre il fait 39°, la qualité d’isolation du logement, l’existence d’un petit jardin ou le fait d’être propriétaire d’un mayen en montagne vont aider à supporter la canicule bien plus aisément, que le fait de vivre à cinq dans un trois-pièces en pleine ville. Là encore, les transports collectifs et la mobilité douce sont des réponses concrètes à la lutte contre le réchauffement climatique.

 

Il m’apparaît dès lors, qu’il ne doit pas y avoir dans notre parti de hiérarchie entre, des actions pour une plus juste répartition de la richesse et de la facture sociale et, d’autres actions pour un meilleur respect de la nature avec laquelle nous vivons. Ces actions doivent être menées en parallèle, car elles se complètent, se renforcent. La formule « Fin du monde, fin de mois, même combat » n’est pas qu’un slogan. Elle se concrétise on le comprend bien dans la mobilité, mais également dans la rénovation des logements ou dans la production d’énergies renouvelables.

 

[1] Catégorie sociale qui n’existe pas et qui n’est qu’une caricature.

Florian Chappot, conseiller communal et député