Les locataires : les grands oubliés du Valais

Malgré le fait que les loyers explosent et que les locataires soient toujours plus nombreux en Valais, aucune politique du logement ne leur est destinée. En effet, le canton se limite à financer l’accession à la propriété dans les régions de montagne. Si cet objectif de lutte contre l’exode rural est louable, il est clairement insuffisant, car il exclut une grande majorité de la population valaisanne. 

Le loyer est la première charge des ménages dans notre pays, devant la santé et la mobilité. En Valais, le prix du logement a augmenté de 40% en 20 ans. Bien plus qu’ailleurs. Bien plus que l’indice des prix à la consommation. Selon l’indice des loyers d’Homegate, rien que pour l’année 2022, notre Canton a vu ses loyers augmenter de 4.1%. L’une des plus fortes hausses de Suisse. Les raisons évoquées sont multiples, avec notamment la croissance de certaines activités économiques dans le Haut-Valais. Quoiqu’il en soit, la cherté des logements en location est un problème que les autorités cantonales et communales ne peuvent plus ignorer.

Premièrement, parce que la part des locataires ne fait qu’augmenter en Valais, à l’opposé de la tendance suisse. Si le taux de propriétaires est toujours important en comparaison intercantonale, les locataires représentent aujourd’hui 45% des habitants, alors qu’en 2000 ils étaient moins de 40%. Il faut dès lors prendre acte que la volonté politique cantonale de « favoriser l’accession à la propriété de logements » n’est pas réalisée, et que cette seule politique ne permet pas de soutenir une part très importante de la population valaisanne.

Deuxièmement, parce que la cherté des logements touche des régions très diverses. Les villes, mais également les stations alpines qui n’offrent plus la possibilité d’accueillir les enfants des résidents permanents et les travailleurs saisonniers. L’offre de logements en location dans les régions de montagne plus rurales est quant à elle, souvent insuffisante ou inadaptée.

Finalement, parce que le Valais possède une loi sur le logement datant de 1988, qui fixe explicitement dans ses objectifs de « maintenir sur le marché des logements à loyer modéré ». Notre canton possède une base légale pour agir, qu’il suffirait d’appliquer. Or ces dernières années, rien ou presque rien n’a été fait.

En Valais, le statut de locataire est souvent appréhendé comme une étape de vie, qui doit déboucher sur une finalité : être propriétaire, « construire ». Il découle de ces représentations, par ailleurs fortement ancrées chez les décideurs politiques, des mesures qui favorisent fiscalement et/ou financièrement, les personnes pouvant se permettre d’acheter un logement. Mais force est de constater qu’un nombre de plus en plus important ne pourra plus y accéder. Dans ce contexte, le parti socialiste valaisan doit défendre plus activement les locataires. C’est le sens d’un postulat interpartis que j’ai déposé récemment. J’y demande au canton ce qu’il a entrepris pour les locataires depuis 1988. Et surtout, ce qu’il pense faire dans le futur dans un contexte d’inflation généralisée. Les solutions sont nombreuses : soutien cantonal au logement d’utilité publique, aides directes à la construction de logements à loyer modéré ou aides aux personnes. Plus que par le passé, la population valaisanne doit pouvoir compter sur une politique du logement qui se préoccupe des locataires, qui dépasse la seule ambition de l’accession à la propriété.

 

Florian Chappot, député et conseiller communal