Depuis des années – et plus intensément ces derniers temps – les médias et nos adversaires politiques ont à cœur de présenter le Parti socialiste comme un lieu où s’affronteraient deux tendances, et entre lesquelles il faudrait choisir. La première serait porte-voix des thématiques historiques liées aux conditions de travail et aux questions économiques. La seconde, de sujets plus « modernes », comme le féminisme ou l’environnement. C’est faux. C’est absurde.

 

 « Il y a deux ailes dans le socialisme moderne qu’on voit se dessiner dans tous les pays d’ailleurs pas qu’ici, qui ne sont pas incompatibles l’une et l’autre d’ailleurs, mais une qui va vers les questions d’égalité, les questions de genre, ces questions nouvelles un petit peu dans le débat public et puis une autre qui reste sur les fondamentaux de la lutte sociale de l’égalité mais pour le coup, là, salariale, o est-ce que vous vous situez ? »

 

Vous me pardonnerez cette longue citation. Elle est extraite d’une interview radio de l’une de nos camarades candidates à la candidature pour les élections fédérales 2023. Elle est caractéristique d’un discours simpliste, de la part de gens qui ne comprennent pas (ou ne veulent pas comprendre) les idéaux et principes fondamentaux qui guident notre engagement politique depuis le début de son existence.

 

Ce genre de discours a de quoi nous énerver. Mais il a aussi de quoi nous inquiéter : en divisant ainsi notre parti en deux « courants », on implicite qu’il y aurait un choix à faire. Et lorsque l’on présente ce choix comme devant se faire entre une ligne plus moderne et une ligne qui respecterait de prétendus « fondamentaux », on hiérarchise. Les « nouvelles » questions s’éloignent des valeurs de toujours. Et des termes comme « woke », ou l’abject « islamogauchisme », apparaissent dans les médias, qui les reprennent des partis d’extrême-droite. C’est ainsi qu’on change le discours, et que les idées progressistes sont attaquées, décrédibilisées, et que l’on fait le lit de l’extrême-droite.

 

Mais quand on est socialiste, on est pour la liberté de toutes et tous, pour de bonnes conditions de vie pour toutes et tous, pour la fin des discriminations envers toutes et tous, pour un cadre de vie agréable et durable pour toutes et tous. Les gens qui targuent certain-es militant-es d’un féminisme trop fort sont les mêmes qui luttaient contre le droit de vote et d’éligibilité des femmes il y a quelques décennies. Celles et ceux qui s’opposent aujourd’hui à la défense des droits des minorités de genre sont les mêmes qui voulaient limiter drastiquement l’immigration dans la seconde moitié du vingtième siècle.

 

On doit lutter pour l’émancipation des femmes, car c’est une condition de l’émancipation de la classe ouvrière dans son ensemble. On doit lutter pour le pouvoir d’achat des gens, car c’est une condition d’émancipation des minorités, plus fortement touchées par la pauvreté, mais appartenant aussi aux classes de populations exploitées par les puissant-es et les riches. On doit lutter pour une écologie sociale, car la défense de l’environnement doit se faire dans l’intérêt de celles et ceux qui en subissent les conséquences, et nous dans celui des grandes entreprises responsables de la crise climatique.

 

L’année fédérale s’ouvre devant nous. Nous ne devons pas laisser nos adversaires et le discours médiatique nous diviser. Ni hier, ni aujourd’hui.

Clément Borgeaud, Président du PSVr