C’est l’histoire d’un dîner qui réunit les parlementaires fédéraux avec, au menu, quelques plats succulents pour les uns, indigestes pour les autres.

L’entrée d’abord. Après avoir proposé le renchérissement des rentes AVS/AI en novembre dernier, Le Conseil national fait volte-face et refuse une augmentation de 7 à 14 francs par mois pour les rentiers. Mesure trop onéreuse pour la Confédération, « insignifiante » pour les bénéficiaires, selon la droite.  Premier haut le cœur…

S’ensuit le plat principal. La 13ème rente AVS est refusée par les deux chambres. Faisant fi de la Constitution qui indique que l’AVS doit garantir le minimum vital, le camp bourgeois ignore délibérément un rapport de Pro Senectute qui indique « qu’en 2022, environ 200’000 seniors vivent avec un revenu inférieur au seuil de pauvreté et que 100’000 autres disposent d’un revenu mensuel à peine au-dessus du seuil de pauvreté. » ça devient lourd, mais lourd…

Au dessert, on attaque la réforme de la LPP. Comme le dit le président de l’USS et conseiller national socialiste Pierre-Yves Maillard, « à la fin, grossièrement dit, il faudra payer davantage pour que nos rentes baissent. » Le compromis élaboré, après d’intenses négociations, entre l’Union syndicale suisse, Travail suisse et l’Union patronale suisse a tout simplement été sabordé… On avait suggéré une recette équilibrée, on nous sert une tambouille amère. On la renverra en cuisine, c’est évident…

Ce qu’il faut retenir de ce menu peu ragoûtant, c’est l’audace de celles et de ceux qui l’ont concocté. En pleine année électorale, à quelques mois du renouvellement du Parlement, il semblerait que le camp bourgeois ne doute de rien.

Soit il estime que les électrices et électeurs sont disposés à avaler n’importe quel plat, aussi mauvais soit-il, et dans ce cas il démontre un mépris sans limite pour une population qu’il juge incapable de réfléchir et d’émettre la moindre critique.

Soit il se sent tellement puissant qu’il ne redoute en rien le retour de balancier, et dans ce cas il fait montre d’une arrogance inouïe en pariant sur la soumission de celles et ceux qui glisseront une liste dans l’urne en octobre prochain.

Dans les deux cas, le bon sens voudrait que l’on renvoie aux cuisiniers l’entier du menu avec mention « indigeste »… ou mieux encore, « à vomir » !

Barbara Lanthemann, rédactrice en cheffe