La Constituante, un fonctionnement à interroger

 

Au mois de janvier, Le Nouvelliste a publié six articles dédiés à la réécriture de la Constitution valaisanne. Un état des lieux qui donne à réfléchir…  En effet, ce zoom de mi-mandat sur les travaux de la Constituante, montre d’une part, la mainmise absolue de la droite qui a très vite instauré un fonctionnement parlementaire partisan, avec ténors traditionnels à la barre. Il montre d’autre part – ceci étant la conséquence de cela – la pauvreté des avancées réelles obtenues pourtant de haute lutte. C’est une pilule amère pour celles et ceux qui s’étaient lancé-e-s dans l’aventure avec un enthousiasme nourri aux idées progressistes dont ils et elles rêvaient pour le Valais de demain.

En dépit de débuts plutôt prometteurs en termes d’ouverture, la droite valaisanne a aujourd’hui renoué avec sa légendaire arrogance. Une arrogance qui va jusqu’à s’octroyer le droit de ne pas soumettre à votations certaines de nos propositions. Une arrogance qui se permet d’ignorer la plus élémentaire des élégances démocratiques, à savoir d’écouter les arguments de ses adversaires. Pour ce bloc conservateur, rassemblant tous les partis de droite, la discussion n’a souvent pas lieu d’être, ni en commission, ni en plenum. J’ai observé à plusieurs reprises que personne ne conteste officiellement nos propositions, mais ces dernières n’auront droit, au final, qu’à un classement sans débat… Quelquefois, je ne suis pas loin de penser que cette attitude dédaigneuse des majoritaires sert à cacher une absence abyssale d’arguments. Car enfin, qu’ont-ils à opposer à la diversité, à la modernité des idées progressistes, sinon  cette certitude qu’il ne faut rien changer au fonctionnement de ce cher Vieux-Pays ? Une certitude qui leur sert de vérité, de boussole et de seul argumentaire. C’est un peu court pour nourrir de vrais échanges. Donc, il vaut mieux éviter les débats et laisser faire une fois de plus, la supériorité numérique…

Et pourtant, lors de travaux en groupes où soudain la parole se libère, il m’arrive de me dire que tout n’est pas perdu. Que nous arriverons à convaincre, qu’à force de répéter, il en restera bien quelque chose…  Cet espoir fou, je continue à le cultiver avec ferveur, en pensant à la jeunesse valaisanne.

Nous sommes à la veille d’élire le parlement Cantonal et de renouveler le Conseil d’Etat. La population qui a plébiscité la Constituante comme un organe différent du Grand Conseil, a dans les mains un moyen simple de corriger un peu ce que la Constituante ne va peut-être pas pouvoir faire. Elle peut mettre en place un Grand Conseil moins à droite, plus progressiste. Mais c’est surtout en choisissant ses Conseillers d’Etat que le peuple devra montrer qu’il veut un gouvernement où la représentativité des tendances politiques sera effective, à défaut de pouvoir élire un Conseil d’Etat proche de la parité homme/femme.

Ce Valais qui en 2018, avait été clair sur son envie d’ouverture, lors des élections liées à la Constituante, doit rester attentif, aller voter et élire les personnes qui, au mieux, permettront que notre canton avance vers la modernité, plutôt qu’il ne retourne sur les traces du Vieux-Pays… Car c’est le fonctionnement de ce Vieux Pays, dans ce qu’il a de plus passéiste que certain·e·s souhaitent voir inscrit à jamais dans la nouvelle Constitution.

L’élection de nos autorités cantonales permet à chaque citoyen-ne d’exprimer son souhait de gouvernance pour les années à venir.

Alors… écoutez les débats, faites-vous une opinion, prenez le temps de consulter les programmes des partis, et surtout allez VOTER et faites voter autour de vous !

Janine Rey-Siggen