La fenêtre d’Overton
La fenêtre d’Overton est un ensemble des opinions acceptables par la majorité de la société à un moment donné, constituant un spectre plus ou moins large. Ou d’une certaine manière c’est comment faire accepter quelque chose d’encore inacceptable.
Ce principe a été le fondement de nombreuses luttes pour les droits humains à travers le monde. Rendre une idée impensable, radicale. Puis acceptable et raisonnable. Et enfin populaire. Si, ce concept a permis des progrès dans bien des domaines, aujourd’hui on le voit de plus en plus utilisée par l’extrême droite pour normaliser certaines expressions ou théories. En France, le terme « grand remplacement » a été inventé pour tenter de justifier des idéaux ouvertement xénophobes. Qu’importe si cette théorie était conspirationniste, les identitaires et sympathisants de l’ancien Front National l’ont reprise en boucle partout. A force de la banaliser, cette expression devient peu à peu un thème à part entière, les médias reprenant petit à petit cet élément de langage propre aux adeptes des idées brunes. D’impensable voire radicale, la fenêtre d’Overton se déplace et le « grand remplacement » s’immisce dans les débats populaires. Et c’est la grande victoire des extrémistes de droite qui arrivent à placer leur rhétorique dans le langage courant. Avec l’arrivée de Trump au pouvoir aux USA, difficile de voir autre chose qu’un confusionnisme ambiant exacerbant une société déjà avide de fake news rassurantes.
Les débats autour du changement climatique sont un exemple parmi tant d’autres de l’acceptabilité d’idées totalement farfelues du fait des discours dogmatiques d’une petite minorité adepte de l’anti-science. Quand une partie des « élites » relait des montages grossiers faits par une intelligence artificielle pour discréditer des faits avérés, elle participe également à ce confusionnisme qui polarise la société. Nous ne sommes, heureusement, pas encore à essayer de l’eau de Javel pour nous soigner du covid, mais il serait dangereux de normaliser un peu trop certains propos.
Yoann Bodrito, rédacteur en chef