Les idées progressistes ont connu une forte adhésion de la part de la population ces dernières décennies et se sont traduites par de nombreuses avancées sociétales. On peut citer en Suisse, de manière non exhaustive, l’introduction d’une assurance maladie, de l’AVS, des avancées dans le domaine de l’égalité des genres, de la protection des travailleuses et travailleurs, de l’environnement, des politiques sociales inclusives, etc… Souvent, ces combats menés de haute luttes sont le fruit de dizaines d’années de discussions et de négociations pour aboutir à des mesures concrètes qui améliorent le quotidien des gens.
De ce constat nous pouvons déjà tirer deux enseignements majeurs :
- Les combats menés par le PS pour plus de justice sociale sont justes et reconnus par la population ;
- Cela demande de la patience et de la pédagogie pour convaincre et décrocher des avancées majeures
L’historien Michel Winock décrit très bien cette volonté de la gauche de faire avancer les choses et celle de la droite de préserver ses prérogatives dans son livre La Droite, hier et aujourd’hui, Perrin, 2012. « La droite veut préserver ce qu’elle est en mesure de sauver de l’héritage du passé, de la tradition, de la coutume : stabilité d’abord ! La gauche n’a d’yeux que pour l’avenir, à construire de toutes pièces éventuellement : changement d’abord ! L’une est conservatrice, l’autre progressiste ». Ce constat fait en France s’applique parfaitement à la dynamique que nous constatons dans notre pays avec une majorité de droite qui s’applique à préserver les privilèges d’une minorité et une gauche guidée par plus de justice sociale et environnementale.
Le décor étant posé, nous pouvons maintenant faire le lien avec un sujet d’actualité, le financement de la 13ème rente AVS. Le Conseil fédéral a retenu deux options : l’une prévoit un financement exclusivement par une hausse des cotisations salariales, l’autre une augmentation combinée des cotisations salariales et de la TVA. Pas très créatives ces solutions me direz-vous. Et quelles seraient les alternatives à ces deux options qui pèseront sur le portemonnaie des actifs ?
Tout d’abord Beat Rieder, Conseiller aux Etats valaisan, propose une micro taxe sur les transactions financières. Ce modèle est connu depuis 1972 sous le nom de taxe Tobin mais jamais il n’a été implémenté en Suisse. La deuxième solution vient du Conseiller national PLR Simon Michel qui souhaite augmenter d’un point de pourcentage l’impôt sur les bénéfices des entreprises car « la plupart des entreprises ont incroyablement profité des dernières réformes fiscales ». Malheureusement son idée de financement servira à… augmenter le budget de l’armée et non financer l’AVS.
La gauche doit maintenant saisir la balle au bond et faire des propositions dans le sens de ces deux « nouvelles options de financement » qui, pour une fois, toucheraient le portemonnaie des entreprises bénéficiaires et celui des adeptes du trading à haute fréquence. Mais je ne suis pas naïf et je sais que ces idées devront encore patienter de longues années avant d’être mises en place, tout comme pour le revenu de base inconditionnel ou la caisse maladie unique. Ces avancées sociales dont on parle depuis de nombreuses années, portées par la gauche, seront inévitablement implémentées dans le futur et l’on pourra (re)dire : « la gauche avait raison, trop tôt ».
Yannick Morand