Les stratégies néolibérales en œuvre mènent au démantèlement progressif des services publics.
Dans le système de santé, les attaques de la droite mandatées par les lobbys des caisses-maladie et des prestataires de soins privés sont particulièrement féroces. Pour comprendre le danger que pose la privatisation, nous vous proposons de parler du cas précis des organisations de soins à domicile privées (OSAD) en Valais.
En Valais, l’offre du système de soins à domicile n’est pas uniquement publique, mais également investie par des organisations privées. Au Syndicat des services publics, nous avons reçu plusieurs dénonciations de non-respect du droit de travail, ainsi que de mise en danger de la patientèle. Certains minima légaux concernant le droit du travail sont systématiquement violés par certains employeurs. Le temps de déplacement entre les lieux de domicile des patient·es, par exemple, n’est pas considéré comme temps de travail. Une autre infraction concerne la communication des horaires de travail au personnel soignant. Dans certaines de ces OSAD, les plannings ne sont pas annoncés, comme prévu par la loi, au moins deux semaines à l’avance. De plus, les horaires de travail changent régulièrement, sans en notifier les soignant·es qui doivent vérifier eux et elles-mêmes leur horaire tout au long de la journée. Ces changements d’horaires ne devraient d’ailleurs pas être au détriment des soignant·es, qui se retrouvent à devoir compenser des heures non effectuées en raison de l’annulation d’une visite par un·e patient·e, ou au contraire à devoir prolonger inopinément leur journée de travail, ce qui impacte négativement leur vie privée.
Les OSAD recherchent le profit. Il n’est pas étonnant qu’elles tentent de réduire leurs frais de fonctionnement au maximum. Cette vision de la santé comme objet de bénéfice possible est fondamentalement en opposition avec les valeurs que nous prônons. La santé doit être un service public : l’intérêt lucratif ne devrait pas être prépondérant. Outre un problème essentiellement idéologique, cette vision entraîne des attitudes malveillantes, comme le fait de limiter le nombre d’infirmier·ères ou d’ASSC pour les remplacer par des auxiliaires de santé moins formé·es et donc aux salaires moins élevés. Ces OSAD doivent donc déléguer des actes médico-techniques complexes à des auxiliaires de santé qui n’ont pas été formé·es pour ça, mettant éventuellement en danger des patient·es et engageant la responsabilité du personnel soignant.
À l’heure actuelle, ces structures de soins complètent l’offre des CMS, qui de leur côté font face à une forte croissance des besoins, au vu de l’évolution démographique de la population, et sont confrontés à de graves pénuries de personnel. Dans cette situation, des partenariats entre prestataires publics et privés se développent. Il est dès lors plus que jamais indispensable de réclamer des outils de contrôle efficaces, pilotés par des services cantonaux mieux dotés en personnel, et que ces contrôles portent sur la qualité des soins autant que sur les conditions de travail.
Face à ces situations, il est nécessaire de protéger et développer nos services publics sans mettre notre santé à la merci des assureurs ou des organisations privées. La prochaine bataille syndicale importante portera d’ailleurs sur la nouvelle contre-réforme de la LAMal nommée EFAS sur laquelle nous voterons en novembre : elle propose de donner encore plus de pouvoir aux assureurs. Le SSP, qui a mené à bien la récolte de signatures en vue du référendum, s’engagera fermement contre cette révision.
Si vous travaillez dans une OSAD et estimez que vos droits ne sont pas respectés : prenez contact avec le SSP au 027 323 26 60 ou à l’adresse valais@ssp-vpod.ch
Natalie D’Aoust-Ribordy et Julien Berthod – SSP Valais