Après bientôt deux ans au Conseil d’Etat, Mathias Reynard répond aux questions du Peuple.VS. Face aux turbulences, il l’affirme encore et toujours : « La nécessité d’un État fort se ressent plus que jamais ! »
Agir, oui, là et quand il le faut !
La guerre en Ukraine a eu des répercussions importantes en Suisse. Le nombre de réfugiés accueillis est important.
Oui, accueillir toutes ces personnes a été un véritable défi logistique, organisationnel et humain… Grâce à une belle solidarité de la population valaisanne et un engagement très important du Service de l’action sociale, le canton héberge à ce jour plus de 5700 réfugiés, dont près de 2300 en provenance d’Ukraine.
C’est donc surtout une question de logement…
Non pas que… nous avons dû assurer le minimum vital de toutes ces personnes, mettre en place une prise en charge sanitaire ou un soutien psychologique par exemple ; dans les centres collectifs, il faut mettre sur pied toute une logistique, des cuisiniers aux veilleurs de nuit, en passant par des assistants sociaux.
La guerre en Ukraine a également eu d’autres conséquences, notamment sur les prix en Suisse.
Oui, la situation était déjà compliquée pour de nombreux ménages… et l’inflation n’a rien arrangé. Les biens de première nécessité, l’essence ou encore les primes d’assurance-maladie ; la facture devient vraiment salée ! Face à l’inflation, le canton a pris une mesure forte et a décidé d’octroyer la pleine compensation du renchérissement pour 2023, ce qui correspond à une augmentation de 2,8 % des salaires. Cette décision concerne non seulement le personnel de l’État, mais aussi celui du parapublic. Exceptionnellement, cette compensation a donc été accordée aux hôpitaux publics du canton. C’est un signal important dans le rôle d’exemplarité des pouvoirs publics.
Le canton a joué le jeu, mais dans le privé, tout n’est pas aussi rose.
C’est plus difficile d’intervenir dans le privé, mais lorsque des abus sont constatés, comme c’est le cas dans la branche des remontées mécaniques, le Conseil d’État a pris ses responsabilités en rendant obligatoires des salaires minimaux, ainsi que les cinq augmentations liées aux premières années d’expérience. Il n’y a plus de salaire inférieur à 4000 francs dans les remontées mécaniques valaisannes.
Quand on parle d’inflation, on pense aux primes d’assurance-maladie qui explosent, des mesures ont pu être prises ?
Avec 5,8 % d’augmentation des primes, il fallait agir et le gouvernement l’a bien compris. Le budget total des subventions a été augmenté ce qui permet de soutenir 8700 personnes supplémentaires en 2023. Au total, plus d’un quart de la population valaisanne est aujourd’hui aidée financièrement pour payer son assurance-maladie.
Le canton s’implique beaucoup pour soigner les symptômes, mais comment soigner le mal ?
Pour certains domaines, comme la santé, la marge de manœuvre cantonale n’est pas très grande… Mais la nécessité d’un État fort se ressent plus que jamais. On l’a vu durant la pandémie de COVID et on le voit aujourd’hui avec l’inflation, l’État doit avoir les moyens d’intervenir pour aider, soutenir et permettre aux ménages ou entreprises les plus vulnérables de traverser ces crises. Et nous agissons très concrètement : création d’une épicerie solidaire ou extension du mandat d’Immosolidaire pour faciliter l’accès aux logements des personnes en situation de précarité. Avec le soutien du Conseil d’État, nous avons aussi pu augmenter le fonds pour la famille, qui cible vraiment les ménages à revenus modestes. Les familles ayant les besoins les plus importants ont touché 2100 francs en fin d’année 2022, soit 350 francs de plus qu’à fin 2021.
Et la votation populaire de novembre a donné raison au gouvernement dans sa politique de soutien aux familles…
Oui, malgré une campagne agressive des opposants, près de 62 % de la population a soutenu une augmentation bienvenue des allocations familiales… Quand certains disent que ça coûte trop cher et que les familles ne verront pas la différence, c’est vraiment méconnaître la réalité de nombreux ménages de notre canton ! Trente francs par enfant et par mois, ça compte !
Sinon, le dossier des soins dentaires avance… Une consultation a été ouverte ; c’est la suite directe de l’initiative lancée par le PS ?
Oui, le dossier peut maintenant avancer, nous sommes en train d’analyser les réponses à la consultation… De nombreuses propositions de la Commission extra-parlementaire pourraient être reprises, notamment pour les soins dentaires en EMS ou en institutions sociales. Et le Conseil d’État propose un financement forfaitaire pour les soins dentaires des ménages à revenus modestes… Si ce n’est pas une assurance universelle, ça reste un premier pas important dans la bonne direction.
Photo : © Sedrik Nemeth