Le 24 février dernier, les habitant·es des Mayens de Saxon ont appris avec consternation une bien mauvaise nouvelle. Par communication officielle, le conseil communal informait la population que l’entier du territoire des Mayens (Sapinhaut, Arbarey, Boveresse) était désormais en zone réservée durant cinq ans, reconductible trois ans supplémentaires sur vote de l’Assemblée primaire. Autrement dit plus aucune construction possible durant cette période et toute rénovation, modification ou extension sur le bâti existant soumis à autorisation communale. Une décision du conseil communal prise afin de « mettre en œuvre le Plan directeur cantonal ainsi que les nouvelles bases légales cantonales en matière d’aménagement du territoire ». Une décision qui s’inscrit surtout dans un contexte de long conflit entre le conseil communal et les habitants des Mayens.
En effet alors que Leytron ou Chamoson, pour ne citer que les communes plaine-montagne les plus proches de Saxon, considèrent leur territoire d’altitude comme un atout à valoriser, le conseil communal saxonain s’obstine à traiter ses Mayens non pas comme une plus-value mais au contraire comme une épine dans son pied.
Le sujet du bus scolaire qui a fait la une de tous les médias en a été un exemple édifiant. Après la victoire remportée par les familles des Mayens, qui ont tout de même dû aller jusqu’au Tribunal fédéral pour obtenir un bus pour leurs enfants, l’exécutif saxonain semble vouloir ouvrir un nouveau conflit. Comment expliquer sinon cette décision venue de nulle part de « mettre sous cloche » (sic) les 68 hectares de montagne durant cinq à huit ans ? La séance d’information à la population le 8 mars dernier n’a pas permis de répondre à cette question. Les habitants venus en nombre ont eu la surprise d’y apprendre que Saxon était classée « commune non surdimensionnée ». Autrement dit qu’il n’y avait aucune obligation légale de créer ces zones réservées. Ce d’autant plus qu’aucun projet d’urbanisation n’est actuellement sur la table. De l’aveu même du conseil communal, cette mise en zone réservée est destinée à mener une réflexion sur l’avenir de l’urbanisation. En vue d’un dézonage futur ? D’un développement intensif de la plaine (le chiffre de 17 000 habitants potentiels a été articulé par le président Christian Roth) ? De changements d’affectation de zones ? Aucune réponse. Pas plus que sur les indemnisations possibles en cas de transformation de zones à bâtir en zones agricoles. Seule certitude : pour les cinq ans à venir les propriétaires des Mayens ont vu leurs biens se dévaluer sans savoir pourquoi. Une décision abrupte et sans concertation qui n’est pas nouvelle. Déjà il y a un an, la zone village a été mise en zone réservée pour 5 à 8 ans, sans même la moindre séance d’information aux propriétaires concernés.
Ironie du sort, la charge la plus violente contre le projet communal a été portée lors de la séance d’information par Leo Farquet, ancien président de Saxon sous les couleurs du MSI-CLI, mouvement qui disposait hier encore de trois sièges au conseil communal et de la présidence de la commune.
À l’heure où nous imprimons ces lignes, nous apprenons que l’actuel Président de la Commune Christian Roth a démissionné du mouvement ! Nul doute que ce « coup contre son camp » ne doit rien au hasard à une année et demie des prochaines élections communales.
Reste que jouer une fois de plus la carte des Mayens contre la plaine pourrait être un mauvais calcul. Outre la question individuelle de la valeur de terrains d’altitude, le projet collectif et politique pour l’entier du territoire communal doit intéresser tou·tes les habitant·es. Cette zone protégée appliquée dans les Mayens augure-t-elle d’une explosion des constructions en plaine ? De nouvelles zones villas envahies par les locatifs ? D’infrastructures collectives déjà sous pression qu’il faudra encore agrandir et financer ?
Un véritable projet collectif et sociétal doit être discuté avec l’entier de la population et sur l’entier du territoire communal. Et pas en parquant des citoyen·nes considérés comme de seconde zone dans une réserve dont on espère perdre définitivement la clé.
Marie-Josée Reuse, députée PS et Sarah Gillioz, députée suppléante PS