En janvier dernier, je vous contais les difficultés d’être de gauche lors du traitement du budget cantonal.

Refus systématique de créer des nouveaux postes, indépendamment de l’urgente nécessité dans certains services ; attaque contre les budgets alloués aux plus précaires et aux personnes subissant des violences. Aujourd’hui, avant de vous faire un retour sur la session de mars, je tenais à relever l’ironie de l’annonce d’un compte 2023 bénéficiaire.

Le Conseil d’État a communiqué la semaine passée un excédent de revenu de 34 millions et cela n’est pas du tout réjouissant. Il me revient à l’esprit toutes les augmentations de budget que la majorité bourgeoise nous a refusées sous prétexte de manque de financement. Constater que l’état fait un tel bénéfice ne me réjouit pas, car cet argent pouvait servir à aider plus de citoyennes et citoyens à payer leurs primes maladie et plus de familles à joindre les deux bouts via le fonds d’aide à la famille. Cet argent aurait pu servir à alimenter plus largement le fonds climat, afin que la transition énergétique soit sociale et solidaire. Il aurait également pu servir à alimenter plus généreusement le modeste fonds d’assurance récolte créé par le Grand Conseil l’automne passé. Cela aurait été un début de réponse à la légitime colère paysanne. Mais en politique, si nous ne parlions que des « si », que des « conditionnels », que des choses qui auraient pu ou dû se produire, je crois que la flamme s’amenuiserait.

En parlant de flamme, la mienne brûle depuis plus de dix ans pour notre cause ; un tiers de ma vie passé à militer pour nos valeurs et pour celles et ceux dont la voix ne peut être entendue. Je me souviens très bien de mon premier congrès. C’était le samedi 10 mai 2014, à Saxon. Je m’étais inscrite aux JSVR quelques mois auparavant et participais à première grand-messe.  Sur la scène, le camarade Bourgeois, président de l’époque, nous exposait plusieurs thématiques parmi lesquelles nous devions choisir pour lancer une initiative populaire. Ce jour-là, nous avons décidé de lancer l’initiative pour la création d’une assurance dentaire. Nous avons réussi et l’avons déposée en 2017.

Ces dernières années, de l’eau a coulé sous les ponts. D’autres cantons ont soumis la même initiative au vote populaire avec à la clé des refus. En mars dernier, le Grand Conseil a accepté le projet proposé par notre conseiller d’État qui vise à créer un fond permettant d’aider les plus modestes. Environ 7000 personnes pourront toucher cette aide bienvenue. En plénum, nous avons réussi à faire sauter le plafond initial prévu à 500.- par ménage. Le montant total de ces aides s’élève à 1.8 million. Si ce montant ne permettra pas d’aider pleinement les familles et personnes dans le besoin pour leur permettre d’accéder aux soins dentaires, c’est un début et une victoire tout de même.

Dix ans après mon premier congrès, c’est avec émotion que j’ai participé à l’acceptation finale de ce projet. Il reste beaucoup à faire en termes d’accès aux soins, mais c’est un premier pas qui va dans le sens d’une justice sociale, pour toutes et tous sans privilège. En 2022, une enquête publiée par l’Observatoire valaisan de la santé révélait que 27% des personnes interrogées avaient renoncé à une consultation chez le dentiste pour des raisons de coûts. Aujourd’hui, nous sommes le seul canton à être doté d’un tel outil et c’est grâce à votre travail, camarades, à votre enthousiasme en 2014 lors du lancement de cette initiative et à votre engagement pendant les mois de récolte de signatures.

Parce que l’engagement et l’enthousiasme paient, il nous reste à travailler au Grand Conseil pour que le canton ne présente plus de bénéfice mais utilise l’argent à disposition pour aider celles et ceux qui en besoin.

Sarah Constantin, Cheffe de groupe PS / GC