Aujourd’hui, avec un âge légal de départ à la retraite de 62 ans, la France est le pays qui est le plus amical envers les travailleurs.

Pour cette raison, nous devons scruter ce qui va se passer dans les rues françaises. Je dis dans les rues, car il n’est rien à attendre des institutions françaises, dont l’utilisation autoritaire du pouvoir par le président Macron ressemble plus à celle d’un despote oriental qu’à celle du président d’un Etat démocratique.

Chez nous, la première étape a eu lieu avec AVS21. Elle se poursuivra avec LPP21. Marquera peut-être une pause. Mais inévitablement la 2ème étape est en marche.

La réforme des retraites en France, comme en Suisse, est un enjeu de société sur plusieurs points.

L’an dernier j’écrivais déjà un article pour contrer l’initiative « Pour une prévoyance vieillesse sûre et pérenne » des Jeunes libéraux-radicaux. Ces derniers jours dans la presse elle fut accueillie avec bienveillance par les milieux économiques (l’UBS en a indirectement faite la promotion). Cette initiative souhaite lier l’âge de départ à la retraite à l’espérance de vie.

S’il est incontestable que nous vivons plus vieux que nos parents et eux mêmes plus vieux que leurs parents, l’espérance de vie reste une moyenne et demeure un indicateur qui n’est pas représentatif de la qualité de vie.

Repousser l’âge de la retraite c’est aussi raccourcir la période durant laquelle l’on pourra bénéficier de ce temps en bonne santé. Mais repousser l’âge de la retraite c’est un vil moyen d’économiser sur les rentes à verser.

En effet, de nombreuse catégories socio-professionnelles ont une espérance de vie plus courte. On parle là des travailleurs de la construction, de l’industrie, le personnel des soins, les travailleurs et travailleuses qui ont des contacts avec des substances dangereuses, ou qui ont des métiers à risque.

Utiliser ce moyen est ainsi une attaque crasse envers les travailleurs qui subissent la pénibilité de leur emploi, c’est également une attaque crasse envers les plus précaires.

Mais il y a aussi la volonté, d’expérimenter des formes de flexibilisation de l’âge de la retraite. Cet élément fait partie du débat. Le mirage de cette flexibilisation est entretenu, à nouveau, par la droite, sous couvert de la liberté et du libéralisme, non pas pour libérer les travailleurs, mais pour enrichir des partenaires.

Flexibiliser l’âge de la retraite c’est empêcher de toute façon les plus pauvres des travailleurs de prendre une retraite anticipée, car les moyens leur manqueront. Mais c’est aussi un moyen d’engraisser les compagnies d’assurances privées qui vendront du 3ème pilier à tout vas. En incitant les gens à souscrire du 3ème pilier pour compenser les pertes dans la rente AVS, ou alors pour partir plus tôt à la retraite. Une retraite à deux vitesses, une pour les pauvres, une pour les riches.

Rappelons-nous que les personnes qui soutiendront ces mesures (PLR/UDC/PDC) sont les mêmes qui peuplent les conseils d’administrations des assurances privées.

Le combat sur cet enjeu fondamental de notre époque se poursuivra et il ne faudra jamais baisser la garde, car en face, ils ne désarmeront jamais.

Valentin Aymon, conseiller communal et député-suppléant