Le pouvoir d’achat aura été le grand thème de cette première moitié d’année politique 2024. Après la victoire historique sur la 13e rente, nous avons presque réussi à limiter les primes à 10 % du revenu en juin, et menons actuellement campagne contre le projet de réforme des caisses de pension. Mais le 22 septembre prochain, nous voterons également sur l’initiative biodiversité, qui a elle aussi toute son importance.
Les campagnes de votation sur les objets touchant de près ou de loin à l’écologie créent généralement les débats les plus émotifs. C’est le cas avec l’initiative biodiversité. Très rapidement, les opposant-es ont mis en avant des arguments fallacieux. Sur leur site, on peut lire que l’initiative confisquerait 30 % des surfaces, freinerait le développement des énergies renouvelables, ou serait un frein au développement des régions de montagnes. Des arguments fallacieux si l’on regarde le texte de l’initiative avec un peu de sérieux.
Que demande l’initiative ?
Penchons-nous donc concrètement sur son texte. Elle souhaite introduire un nouvel article dans la Constitution, « Paysage et biodiversité », qui demande à la Confédération et aux cantons de veiller à « préserver les paysages, la physionomie des localités, les sites historiques et les monuments naturels et culturels dignes de protection ; ménager la nature, le paysage et le patrimoine bâti également en dehors des objets protégés ; mettre à disposition les surfaces, les ressources et les instruments nécessaires à la sauvegarde et au renforcement de la biodiversité. »
La Confédération et les cantons seraient compétents pour désigner ces objets protégés, et toute atteinte à un tel objet devrait être justifiée par un intérêt national ou cantonal prépondérant.
Rétablissons les faits
On constate donc que les soi-disant 30 % de surfaces confisquées n’existent pas. C’est une pure invention des opposant-es, qui reprennent là un objectif international évoqué dans le Cadre mondial de la biodiversité, qui n’a rien à voir avec l’initiative.
La biodiversité est notre base de vie. Elle assure une bonne eau potable, des sols fertiles et constitue le poumon vert de notre planète. Malheureusement, elle est de plus en plus menacée dans le monde, et chez nous aussi. En Suisse, un tiers des espèces animales et végétales sont menacées ou ont déjà disparu. La moitié des milieux naturels sont menacés. Il est urgent d’agir.
Protéger la biodiversité, c’est aussi assurer la sécurité alimentaire : l’agriculture dépend d’une nature riche et variée pour assurer la fertilisation des sols et la pollinisation des cultures. L’initiative permettrait de mieux indemniser les familles paysannes pour le soin qu’elles apporteraient à la nature. En ce sens, l’initiative profite également au monde agricole.
Protéger la biodiversité est aussi bénéfique pour le tourisme et l’économie. Les paysages variés, les villages pittoresques et une nature riche font partie intégrante de l’image de la Suisse. Ce sont des atouts indéniables pour le tourisme — et donc à l’économie des régions de montagne.
Finalement, la biodiversité et la protection du climat sont les deux faces d’une même médaille. Les forêts ou marais absorbent du CO2, mais seulement si ces écosystèmes sont préservés. Même le DETEC confirme que les écosystèmes variés protègent mieux contre les catastrophes environnementales telles que les inondations, glissements de terrain ou avalanches.
Pour toutes ces raisons, votons OUI le 22 septembre à l’initiative biodiversité !
Clément Borgeaud