Depuis le mois d’octobre dernier, le Proche-Orient est secoué par un conflit sans précédent. Depuis l’attaque initiale du Hamas, la bande de Gaza est sujette à une destruction méthodique de la part d’Israël, pour un bilan de 25 000 morts à mi-janvier 2024. Au-delà des chiffres, qui pourraient par ailleurs se suffire à eux-mêmes pour nous rappeler à un impératif moral catégorique de refus des morts civiles sur l’autel de rivalités géopolitiques, il nous revient néanmoins d’assumer notre responsabilité en tant que militantes et militants de gauche en nous interrogeant sur le détail de cette situation.

Après plusieurs mois de silence assourdissant et de demi-mots timides de nombreux organismes et autorités du monde politique et des relations internationales, ce début d’année voit une nouvelle évidence s’imposer. Selon le CICR, c’est « une tragédie humaine insoutenable [qui] se déroule sous nos yeux à Gaza ». L’ancien directeur du bureau de New York du Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a quant à lui démissionné de son poste en protestation contre l’inaction de l’ONU face à ce qu’il qualifie de « génocide », avant que l’Afrique du Sud ne porte la même accusation devant la Cour internationale de justice.

Celle-ci a rendu le 26 janvier sa première décision dans une affaire qui durera certainement des années : à la quasi-unanimité, elle a reconnu l’existence d’un risque raisonnable de génocide et ordonné une série de mesures, intimant notamment Israël à « prévenir et punir » toute incitation au génocide.

Un ordre difficile à suivre quand le gouvernement d’Israël même est le premier à répandre des discours qui ne feraient pas rougir des États d’apartheid, comme en octobre quand son ministre de la Défense avait annoncé qu’« [ils] se batt[aient] désormais contre des animaux humains ».

Un autre exemple moins connu est celui d’Itamar Ben Gvir, Ministre de la Sécurité nationale d’Israël directement issu des milieux suprémacistes et fascistes. Il se trouve aujourd’hui au sein du gouvernement après un parcours militant commencé comme coordinateur des jeunesses kahanistes, d’après le rabbin américain Meïr Kahane, soutien d’Adolf Hitler pour son anticommunisme et fondateur d’un parti interdit pour « racisme » en raison de ses propos sur « les Arabes » et leur expulsion nécessaire d’Israël.

Après un parcours chaotique qui le voit notamment exempté de service militaire en raison de son radicalisme violent, ou encore décorer son salon d’une photo grand format du terroriste Baruch Goldstein, responsable du meurtre de 29 musulmans en prière, il faisait campagne pistolet au poing il y a quelques années dans le quartier palestinien de Cheikh Jarrah à Jérusalem-Est, en criant : « Ici c’est moi le propriétaire ! ». En clair, les « Arabes » sont des intrus en Terre d’Israël (au-delà même de ses frontières actuelles), et seule leur expulsion ramènera la situation à la normale… Ce que le mouvement de l’actuel ministre leur a déjà signifié de manière musclée, menant des descentes à 30 000 sur les appartements de Palestiniens à Hébron en novembre 2022.

Dorénavant, le secrétaire général de l’ONU lui-même appelle à un cessez-le-feu et à la défense du « droit du peuple palestinien à bâtir son propre État ». Un objectif qui devrait représenter le strict minimum d’une revendication de gauche face à des faits accablants et plus graves de jour en jour, a fortiori venant d’un État déjà depuis des décennies à la pointe des technologies de guerre et de surveillance à reconnaissance faciale dans un but d’apartheid que nous avons pourtant déjà toutes et tous appris à dénoncer comme inacceptables et totalitaires en Chine.

Eloit Fournier, membre JSVr

Le PeupleVS 2023