L’éducation en santé sexuelle est fondamentale pour nos enfants et nos jeunes. Acquérir dans ce domaine, des outils pour la vie, complets et objectifs, leur permet en effet de se développer et de faire leurs propres choix, en pleine connaissance de cause.
Aussi, l’enseignement de cette thématique étant évidemment sensible et complexe, celles et ceux qui le dispensent doivent être au bénéfice d’une formation professionnelle solide dans ce domaine.
J’ai toujours pensé que l’éducation en santé sexuelle dans les écoles publiques était uniquement donnée par les Centres SIPE (Sexualité-Information-Prévention), anciennement, les plannings familiaux. Mais en 2022, au détour d’une conversation, j’apprends qu’une autre association, l’AVIFA (Amour-Vie-Famille) intervient dans certains établissements scolaires du Canton. Comme je n’en avais jamais entendu parler avant, j’ai commencé à creuser le sujet.
Du côté des Centres SIPE, le programme détaillé et le cursus professionnel des intervenant·es me sont fournis de manière claire, rapidement. J’apprends ainsi que l’ensemble des enseignants ont un Diplôme universitaire d’études avancées (DAS). En revanche, concernant l’AVIFA, je peine à obtenir des réponses, tant auprès de l’Association que du Département de l’éducation.
C’est pourquoi en 2022, je dépose une interpellation au Grand Conseil afin d’éclaircir le programme et les exigences de formation. Les réponses sont brèves et, à nouveau, lacunaires. En plénum, le Conseil d’Etat m’indique notamment que la cohabitation des deux organismes répond à des << sensibilités >> différentes.
Sur internet, je découvre que l’AVIFA est en réalité une association catholique, dont les intervenant·es sont formés par une institution française (partenaire privilégié de l’Enseignement Catholique français, lié avec la Conférence des évêques de France).
Pour moi, il est très clair qu’enseigner l’éducation en santé sexuelle sous un prisme religieux biaise la matière. C’est dangereux, tant le sujet est complexe et multiple. Il y a aussi une absolue nécessité de distinguer les cours en santé sexuelle, des cours de religion ou de sciences des religions, puisque ce sont deux matières à part entière. De plus, les élèves ont le droit de recevoir le même enseignement, complet et de qualité. C’est ce qu’on appelle l’égalité des chances et c’est un principe central de notre système éducatif.
De manière intéressante, depuis mon interpellation, certaines thématiques du programme des Centres SIPE sont apparues, copiées – collées, sur le site internet de l’AVIFA. Certains sujets sensibles (mais fondamentaux) comme la prévention contre les discriminations, les première relations, les attirances, l’orientation sexuelle et la pornographie n’ont pas été repris.
C’est dans ce contexte, bien peu transparent, que nous avons déposé un postulat, avec des collègues des Vert.e.s, du Centre et du PLR, afin d’assurer une éducation en santé sexuelle laïque et professionnelle pour tous·tes les élèves du Valais. Abordé en session de septembre dernier, le texte a passé la rampe du développement à une belle majorité, ce qui est réjouissant. Nous espérons le même accueil à la phase de traitement.
En attendant, si vous avez des enfants ou en connaissez, demandez-leur ce qu’on leur enseigne dans ce domaine à l’école, ça m’intéresse !
Aude Rapin, Députée-suppléante au Grand Conseil, Vice-Présidente du PSVR