Lors de la session de septembre dernier, notre groupe PS/GC, aux côté des Verts et de l’UDC du Haut-Valais, a refusé la Loi sur l’énergie valaisanne. La législation a tout de même trouvé une majorité et, sauf référendum, entrera prochainement en vigueur.
Vous me direz : pourquoi refuser de modifier la loi sur l’énergie à l’heure où on en a le plus besoin ? Pour nous, la réponse est claire : cette nouvelle législation n’est pas à la hauteur du tournant énergétique que l’on doit entreprendre aujourd’hui.
Alors que la population attend des solutions rapides et concrètes face aux probables pénuries d’énergie et au changement climatique, le Grand conseil adopte une loi molle, en grande majorité incitative, avec des délais de 10, 15, 20 et même 25 ans ! C’est repousser le problème, alors que la nécessité d’agir est des plus actuelles. Pour un pays aussi riche que la Suisse, cette procrastination est symptomatique d’un manque de courage du politique, lequel préfère brosser son électorat dans le sens du poil en l’incitant gentiment. Une chose est sûre, les citoyen·nes de ce canton, possiblement attendri·es par un condensé de bonnes idées sous fond de responsabilité individuelle, pâtiront de cette inaction législative sur le long terme. Mais ça, le long terme, ce n’est pas au programme du parlement valaisan, lequel préfère éteindre des feux plutôt que d’anticiper des incendies.
Pour illustrer cette inaction, voici quelques exemples choisis :
- Les communes auront dix ans dès l’entrée en vigueur de la loi pour élaborer leur planification énergétique. Dix ans pour planifier et donc, combien de temps pour mettre en oeuvre ?
Les mêmes député·es de droite qui souhaitent planter des milliers de panneaux sur l’Alpe, dans l’urgence, nous suggèrent ici d’attendre que le temps passe un peu pour agir. Lorsque l’argent ne tombe pas directement de Berne, il semble que les urgences s’amoindrissent d’elles-mêmes.
- Il est toujours possible de remplacer une chaudière à mazout ou à gaz par … une chaudière à mazout ou à gaz. Si, vous avez bien lu.
On a voté sur une loi dont l’un des buts principaux était de sortir du fossile, pour finalement y rester. Or, on le sait, ce n’est ni bon pour la planète, ni pour le portefeuille des citoyen·nes, au vu de la raréfaction de ces ressources et leur coût grandissant.
- Le Grand Conseil a refusé d’imposer la couverture des nouveaux parkings en plein air par des panneaux photovoltaïques.
Ces surfaces, directement disponibles et à proximité du réseau, sont idéales pour produire, consommer sur place (par exemple pour des bornes de recharges électriques), et protéger les véhicules et leurs utilisateurs du soleil. Si aujourd’hui, on n’est pas capable d’exiger des mesures aussi faciles à mettre en œuvre, alors il semble difficile d’avancer d’une manière générale sur la thématique.
Qu’on le veuille ou non, la réalité dans cette histoire est que l’on se fera dépasser par les différentes crises que l’on traverse déjà, et par les lois fédérales.
Aude Rapin, députée suppléante