C’est une farce et nous en sommes les dindes

 

Le 25 septembre dernier, au soir de sa lamentable victoire sur AVS21, la droite nous promettait une compensation via la révision de la LPP. On y a presque cru. Il fallait y croire, car si on ne croit plus, on perd espoir. Aujourd’hui, forcée de constater que c’étaient des balivernes, je m’engage avec force pour ce nouveau référendum au sujet de la énième arnaque des retraites.

Alors que la base constitutionnelle permettant la création de l’AVS date de presque 100 ans (1925), le peuple suisse n’accepta de créer cette assurance sociale qu’en 1947. Depuis, dix révisions ont eu lieu. Initialement, l’âge de la retraite des femmes était égale à celui des hommes. En 1964, il a été abaissé à 62 ans, pour être relevé à 63 ans en 2001 puis à 64 ans en 2005. La droite nous a laissé presque 20 de répit avant d’asséner son coup de grâce, en septembre dernier, avec la dernière réforme de l’AVS qui péjore considérablement les conditions de retraites des femmes. Si les raisons évoquées en 1964 pour abaisser l’âge de la retraite des femmes nous laisseraient aujourd’hui songeurs, ce n’est pas un argument pour lâcher quoi que ce soit en termes d’acquis sociaux, surtout lorsque on connaît, via de nombreuses statistiques, les écarts de rentes en matière de retraite entre les femmes et les hommes.

Au parlement fédéral, ce sont ces mêmes acquis sociaux, ceux que l’on a obtenus dans la douleur, qui sont sans cesse remis en question en ce début de siècle. Congé maternité au rabais pour les travailleuses indépendantes, droit à l’avortement mis en péril, augmentation de l’âge de la retraite et aujourd’hui une attaque supplémentaire visant la LPP. Beaucoup de femmes et d’hommes déjà précarisé-e-s perdront plusieurs milliers de francs par an si cette réforme est entérinée. À nouveau, cette révision se fait sur le dos des salaires bas et moyens. Ce sont les personnes qui se tuent à la tâche pour des salaires indignes qui cotiseront davantage pour toucher moins de rentes.

Sous la coupole, au moment de boucler la réforme LPP21, la droite semble avoir totalement occulté la baisse des taux de conversion et l’inflation vertigineuse des dernières années. Si nous ne prenons pas en compte le quotidien des gens, comment pouvons-nous ficeler une révision qui tienne la route ? Il semblerait qu’une majorité du parlement fédéral ne vive pas dans les mêmes strates que le peuple. Cette majorité est prête à sauver des banquier-ère-s et riches actionnaires mais méprise les travailleuses et les travailleurs.

Que dire finalement de la non prise en compte des revendications que sont l’égalité salariale, la reconnaissance du travail du care et des parcours de vie spécifique aux femmes ? Car c’est notamment là que le bât blesse. Depuis des décennies nous attendons l’égalité salariale. À nouveau, nous sommes forcées d’y croire, d’avoir encore de l’espoir, pour nos filles. En 2023, les femmes portent toujours sur leurs épaules l’écrasante majorité des tâches liées à la parentalité. De tout temps, certaines femmes ont eu des parcours de vie spécifiques lié à la maternité. Alors que ces parcours ne sont toujours pas valorisés, alors que l’égalité salariale est encore de l’ordre de la fiction, on voudrait nous faire cotiser plus pour gagner moins.

À toutes celles et tous ceux qui pensent que l’égalité s’obtient en nivelant par le bas, à coup de réformes qui péjorent la qualité de vie de la classe moyenne et qui crée encore plus de workingpoor, je m’inscris en faux contre cette vision peu ambitieuse de notre société. Signez le référendum LPP !

 

Sarah Constantin, cheffe de groupe PS/GC et conseillère communale