La campagne pour les élections fédérales bat son plein, et avec elle, les questions des médias. Il y en a des bonnes, et des moins bonnes. Il y en a en tout cas une qui revient systématiquement et qui me fait sourire. Celle de nos objectifs chiffrés.
On m’a souvent posé la question de savoir quels étaient les objectifs du PSVR pour ces élections, de même que toutes ses déclinaisons : « combien de sièges au Conseil national visez-vous ? », « Est-ce que vous pensez faire un siège aux États ? », « Est-ce que vous avez un objectif en termes de pourcents ? » J’y ai parfois répondu par l’exagération : 8 au Conseil national, 2 aux États. Ça a fait sourire, puis l’on est passé à autre chose. Ou alors, ça a débouché sur une question de relance : « non mais, sérieusement, sans rêver… »
Je ne crois pas que ce soit rêver, ou manquer de sérieux, que de dire qu’on en veut plus. Au final, c’est pour cela qu’on se lance et qu’on fait campagne, votation après votation, élection après élection. Pour progresser. Avant l’élection du premier socialiste valaisan au Conseil national, l’objectif était de faire un siège. Puis lorsqu’on l’a obtenu, je doute fort que nos prédécesseuses et prédécesseurs se soient dit que c’était un nombre suffisant. Et lorsque nous aurons un siège de plus, je suis sûr que nous voudrons en gagner un autre.
Le PS ne doit jamais se reposer sur ses lauriers. Nous faisons de la politique pour porter la voix des plus faibles, de la classe travailleuse qui peine à joindre les deux bouts, des personnes discriminées qui ont besoin de protection, des familles qui voient leur pouvoir d’achat se réduire. Et pour cela, nous aspirons à plus de sièges dans les parlements et les exécutifs. C’est normal, et c’est notre rôle.
Alors soyons limpides camarades : nous voulons récupérer notre deuxième siège au Conseil national et faire un siège au Conseil des États.
On peut bien évidemment faire des calculs d’apothicaire sur ordinateur, prédire les évolutions démographiques, les combiner au taux de participation estimé, pondérer cela avec le nombre de candidat-es, les réseaux supposés, imaginer les résultats des nouveaux partis ou transférer ceux des anciens.
Le contexte nous est favorable : nos thèmes sont alignés avec les préoccupations de la population, nous avons des solutions concrètes à proposer en matière de renforcement du pouvoir d’achat, d’égalité, de solidarité. Avec notre initiative pour un salaire minimum, nous prenons parti pour améliorer le niveau de vie des plus bas revenus de notre canton. Notre initiative pour les crèches renforce l’égalité en permettant de mieux concilier vie familiale et vie professionnelle. Notre initiative d’allègement des primes soulage, augmente le pouvoir d’achat de manière très concrète. Celle pour un fonds climat propose d’investir massivement dans la transformation écologique de la Suisse, de manière sociale et en garantissant des emplois d’avenir.
L’adversaire principal, cette année, sera le taux de participation. Il faut donc impérativement tout donner pour mobiliser les gens, leur rappeler cette échéance, et les encourager à voter socialiste le 22 octobre. Nos candidat-es battent le pavé depuis des semaines, posent des affiches, distribuent du matériel, mobilisent les membres par téléphone ou écrivent cartes postales et lettres à la population. Les sections et fédérations organisent des actions toutes les semaines pour faire connaître nos candidat-es et nos idées.
Chaque voix compte ! Les urnes parleront d’une seule voix le 22 octobre, et d’ici là, nous pouvons faire la différence. Mobilisons-nous dans cette dernière ligne droite !
Durant une grande partie de ma vie j’ai travaillé dans le privé et le mot « syndicat » était plutôt un synonyme d’un groupe d’hommes qui se réunissaient, buvaient et puis faisaient la grève. En soi, une image pas très louable et je suis sûre que je n’étais pas la seule à avoir une telle image.
En 2014 j’ai commencé ma formation comme pilote de locomotives aux CFF et je suis entrée dans un monde dans lequel régnait l’égalité salariale et bien d’autres avantages grâce à une convention collective du travail que le SEV avait négociée avec les CFF il y a plus de 20 ans. Ainsi la première pierre avait été posée pour une excellente CCT modèle pour les compagnies de transport. Mais comme la CCT n’est pas gravée dans la pierre, il faut la renégocier après le délai contractuel ou à la suite d’une résiliation de l’une des parties.
Quelques années après mon entrée aux CFF, la pénurie du personnel des locomotives s’est fait sentir et les conditions de travail ont commencé à se dégrader. L’employeur est allé à la limite de la légalité pour pouvoir faire rouler tous les trains et pratiquement au même rythme. L’ancien CEO a fait savoir qu’il voulait faire rouler les trains sans conducteurs. C’est à ce moment-là que je me suis rendu compte qu’il fallait agir et je me suis engagée activement au syndicat.
Mon engagement a commencé dans la sous-fédération du SEV du personnel des locomotives, dans le comité de la section de ma région. Ensuite j’ai été élue comme représentante des femmes pilotes de locomotives au niveau Suisse et représentante des pilotes de locomotives suisses au niveau européen. En 2019, j’ai été élue présidente de la LPV-SEV, ce qui me permet d’être membre du comité du SEV qui s’occupe de la direction stratégique du syndicat. A côté de ces fonctions, j’exerce toujours mon travail de rêve : pilote de locomotives.
Ce qui rend le SEV si spécial, c’est notre démocratie de base. Toutes les décisions sont prises par les membres, par les personnes du terrain. Ce sont eux et elles qui connaissent et vivent les problèmes au quotidien. Ensuite nous avons les professionnels du SEV qui conduisent les affaires courantes et qui exécutent les décisions des organes du syndicat.
En résumé, il s’agit d’une organisation démocratique qui fonctionne car les personnes qui y travaillent font toutes leurs actions avec enthousiasme puisque c’est pour le bien de toutes et tous. Si les conditions cadres pour les employés-es sont correctes, les personnes travaillent bien et les employeurs en tirent profit et en conséquence, l’entreprise fleurit.
Cela me fait penser aux élections actuelles. Combien des personnes élues effectueront leur travail à Berne avec enthousiasme et passion et mèneront leurs promesses à terme pour leurs électeurs et électrices ? Et combien iront à Berne pour faire plaisir à leur égo et profiter de leur nouveau statut ?
Hanny Weissmüller, Pilote de locomotives
Présidente du syndicat du personnel de locomotives LPV-SEV