La démocratie et la liberté d’expression tanguent en Valais. Ce qui semblait être une plaisanterie n’en est pas une.  La Ville de Sion a décidé unilatéralement de ne pas autoriser, purement et simplement, une manifestation en soutien au peuple palestinien, en proie à un génocide.

Le Collectif Valais Palestine (CVP) avait pourtant pris soin de déposer sa demande plusieurs mois à l’avance, en fournissant toutes les garanties nécessaires en matière de sécurité. Malgré cela, le 15 septembre, la ville de Sion annonçait son refus d’autoriser la manifestation prévue pour le 1er novembre. Le motif invoqué ? L’incapacité de la Police régionale des Villes du centre à assurer la sécurité publique. Une justification qui étonne — voire inquiète — dans un pays comme la Suisse. Cette prétendue impossibilité de garantir la sécurité publique ne cacherait-elle pas, en réalité, une certaine forme de lâcheté ou juste une excuse pour écarter des militant·es qui dérangent ? On ne sait pas.

Ce qui est sûr en revanche, c’est que le collectif n’a pas souhaité en rester là puisqu’il a immédiatement demandé une reconsidération de la décision en apportant d’autres éléments et des garanties de sécurité. Si aucune réponse n’a encore été communiquée à l’heure où ces lignes sont écrites, le municipal en charge de la sécurité s’est exprimé lors du plénum du Conseil général de la Ville de Sion le 7 octobre. Faisant face à plusieurs questions émanant des groupes socialistes, vert.e.s et PLR, Cyrille Fauchère (UDC) a évoqué une contre-manifestation organisée en parallèle à la marche de soutien à Israël en septembre 2024. Dans les faits, quelques dizaines de personnes avaient spontanément et pacifiquement réagi dans les rues de la capitale valaisanne à la vue du cortège sioniste. Aucun débordement n’avait été signalé.

Contacté, un membre du CVP témoigne : « Lors du plénum du 7 octobre, 2 participant·es du collectif ont pris part à la séance en tant que citoyen comme la loi le permet. Ils ont été fouillés de manière agressive par 2 policiers qui ont dans un premier temps tenté de les empêcher d’assister au plénum. Porter un keffieh semble aujourd’hui une justification à une répression abusive. » Et de poursuivre : « Lors des réponses aux questions des conseillers généraux, M. Fauchère a osé déclarer : Personne n’a contesté le droit de manifester, (…) le conseil municipal a simplement le courage d’interdire la manifestation. Une formule qui interroge tant l’incompréhension règne. »

Comble de l’ironie, la médiatisation de cette affaire a trouvé un large écho en Suisse romande. De nombreux militant·es à travers le pays ont exprimé leur soutien à leurs camarades, allant jusqu’à appeler à un rassemblement à Sion le 1er novembre. Ce qui devait être une manifestation locale, autorisée et encadrée, risque désormais de se transformer en un cortège plus spontané, voire sauvage — une perspective peu rassurante pour les autorités.

La manifestation spontanée à travers les rues de Sion le 2 octobre dernier qui s’était soldée par une marche pacifique de 250 personnes sans aucun incident n’aura pas convaincu les autorités à un peu plus de nuance dans leur approche.

Le Collectif Valais Palestine conclut ainsi : « Nous appelons le conseil municipal à adopter des décisions en phase avec sa prétendue volonté d’assurer la sécurité à Sion et à nous soutenir dans notre volonté d’organiser une marche pacifique. Par ailleurs, nous tenons à souligner que le conseil municipal et la police, par le caractère autoritaire et antidémocratique de leurs décisions, se rendent responsables de la suite des évènements. »

Propos recueillis par la rédaction

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