En Suisse, le montant du salaire reste un sujet tabou. Dans la plupart des cas, les offres d’emploi ne mentionnent pas la rémunération proposée. De fait, on estime que le salaire fait partie de la sphère privée et n’a pas à être discutée ou divulguée en public. On accepte cependant que notre salaire soit transmis aux autorités fiscales, aux offices des poursuites ou encore au futur bailleur pour une recherche de logement.

La sphère privée semble aujourd’hui de plus en plus ténue. La publication de moult informations nous concernant sur le net, sur les réseaux sociaux, telles que la profession, l’employeur, l’état civil, le lieu d’habitation, les photos de nos loisirs, de nos proches et autres domaines privés, ont déjà largement restreint la protection de nos données. Dans ce contexte, la publication de notre salaire pourrait sembler cohérente.

Les employeurs, de leur côté, pourraient être tentés d’imposer l’interdiction de divulgation des salaires au sein de leur entreprise. Ce faisant, ils se préserveront de la nécessité de justifier objectivement les différences salariales.

L’interdiction émise par un employeur de communiquer le salaire au sein d’une entreprise doit être considérée comme illicite. Non seulement elle ne permettrait pas de faire les vérifications nécessaires quant au principe qui garantit un salaire égal pour un travail égal, mais surtout, elle ne peut pas s’appuyer sur le secret imposé aux employés dans le domaine professionnel.

En matière de salaires, de bonus ou de primes, la transparence profitera toujours aux employé-es. Elle permet en effet de veiller à ce que les rétributions soient calculées en évitant toute forme de discrimination infondée. Et parce que tout travail mérite salaire, la rémunération acquise et méritée ne devrait en aucun cas être considérée comme un secret parce celle ou celui qui la perçoit !

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