Chères et chers camarades,
Les rennes du Peuple.VS m’ayant été confiées à partir de ce mois de septembre, il me tenait à cœur de commencer cet édito en remerciant ma prédécesseuse en la personne de Barbara Lanthemann pour toutes ces années aux commandes de ce journal. Un journal qui a permis, depuis presque un siècle, de donner la parole à la minorité de gauche de notre canton. Parfois disruptifs, souvent pertinents, les écrits du Peuple ont contribué à diffuser un message plus humaniste, plus solidaire et plus diversifié. A l’heure où nous sommes toujours gouvernés par un collège cent pour cent masculin dans notre Vieux Pays, il me semble opportun de rester dans cette tendance de pluralité. Car oui, le peuple vivant sous ces latitudes est bien un ensemble bigarré, bien loin des clichés qui nous collent à la peau.
Si les signaux sont parfois décourageants en Valais comme partout dans le monde, il demeure qu’ici ou là des victoires et des progrès émergent sporadiquement. Il est évident que notre société ne changera pas d’un coup de baguette magique, mais il est possible de gagner des combats à différentes échelles. Quand on (re)découvre que le patron d’UBS touche un plus gros salaire journalier qu’une bonne frange de la population suisse en une année, il y a de quoi s’indigner. Mais cette indignation doit être bruyante et active. Elle doit faire en sorte que la honte change de camp. Qu’un consensus se mette en place entre nous toutes et tous pour ne plus cautionner ce système valorisant des nantis qui s’enrichissent toujours un peu plus. Que la jungle capitaliste telle que nous la connaissons encore aujourd’hui ne soit qu’un lointain souvenir. Il ne s’agit pas de sombrer dans un discours binaire teinté de naïve utopie mais plutôt de revendiquer encore plus notre lutte pour plus d’égalité et de justice sociale. Tant que des actionnaires continueront de plébisciter des salaires indécents des CEO des grosses entreprises tout en n’ayant aucune pitié lorsque des licenciements massifs se produisent, nous, les petites gens, serons quelque part aux alentours pour jouer les troubles fêtes.
Parmi la gauche se regroupe toute sorte d’individu partageant un socle de valeurs communes qui peuvent parfois tanguer sur l’un ou l’autre sujet. Inutile de revenir sur un thème en particulier parce qu’il s’agit d’une globalité. C’est une question tantôt de générations tantôt de visions sociétales. En tant que jeunes, nous avons tendance à agir de manière plus radicale avec une once d’utopisme là où les plus anciens ont parfois passé par cette étape avant de mettre de l’eau dans leur vin en ayant expérimenté des années de lutte. Il ne s’agit pas de défendre l’un ou l’autre – chacun ayant raison – mais plutôt d’essayer de croire à une complémentarité. Penser qu’il est possible d’agir toutes et tous ensemble pour le bien commun. Considérer d’abord le groupe et après l’individu. Dans leur chanson « on lâche rien », le groupe HK et Les Saltimbanks le criait haut et fort : « notre idéal, bien plus qu’un rêve, un autre monde, on n’a pas le choix ! » A l’heure où le populisme d’extrême droite prend le pouvoir ou lorgne aux portes de celui-ci, il serait vraiment temps de bâtir cet autre monde.
Yoann Bodrito