Le Grand Conseil a lors de sa session de juin 2021, refusé un postulat intitulé « Encourager les coopératives d’habitation » par 47 voix pour, 77 voix contre et 0 abstention. Ce postulat demandait la création d’une base légale qui facilite le développement de coopératives d’habitation participatives et innovantes.[1] Les raisons du refus vont d’un taux élevé de logements vides au risque d’accroitre encore plus l’exode des habitants des régions de montagne, en passant par le soutien déjà existant aux logements d’utilité publique. Rappelons qu’une base légale est nécessaire à toute intervention étatique, car elle légitime ces actions en les rendant licites.

La création de logements d’utilité publique en Valais revêt une importance cruciale à plusieurs égards. Ces logements sont conçus pour être accessibles financièrement à une large tranche de la population, allégeant ainsi la pression sur les ménages à faible revenu. En septembre 2023, le Valais comptait 4583 logements vacants, un chiffre en baisse depuis 2020, mais tous n’étaient de loin pas abordables. Rendre l’accès à un logement abordable avec un loyer avantageux répond à une nécessité croissante et garantit le droit fondamental à un logement décent pour tous, car les coopératives n’ont pas d’objectif spéculatif.

Offrir des logements d’utilité publique signifie également garder un lieu de mixité sociale, culturelle et intergénérationnelle, permettant ainsi de freiner l’exode d’une partie des habitants vers d’autres régions aux loyers plus abordables, préservant ainsi le dynamisme et la diversité de la population locale.

Un aspect souvent négligé mais essentiel de la création de logements d’utilité publique réside dans ses bénéfices environnementaux. En concentrant le développement urbain dans des zones dédiées, on limite l’étalement urbain qui peut entraîner des conséquences néfastes sur les écosystèmes naturels. En encourageant la construction de logements durables et économes en énergie, on contribue également à atténuer l’impact environnemental global de l’urbanisation.

En résumé, la création de logements d’utilité publique doit être soutenue et promue activement afin de créer une société valaisanne inclusive et équilibrée pour les générations présentes et futures.

Les constituants ne s’y sont pas trompés en nous proposant dans le projet de Constitution, un article 145, intitulé sobrement Logement et qui stipule que l’Etat et les communes définissent une politique du logement qui vise à ce que toute personne puisse se loger, en encourageant notamment la création de logements d’utilité publique.  

En cas d’acceptation de la Constitution, nous bénéficierons donc de la fameuse base légale nécessaire à l’adoption d’une politique sociale de logement en Valais. Le droit au logement, droit fondamental incontesté et incontestable est un des grands oubliés des 25 révisions partielles que la Constitution de 1907 a connues. Sur la base de l’article 145, le Grand Conseil aurait alors toute la liberté de décider le montant et la spécificité des investissements proposés. Et donc de finalement adopter une politique de logement durable, sociable, et économique digne de ce nom. Enfin !

 

[1] POSTULAT 2020.03.09, Madeline HEINIGER, AdG/LA, David CRETTENAND, PLR, Celine DESSIMOZ, Les Verts

et Bruno CLIVAZ, PDCC, Encourager les coopératives d’habitation,13/03/2020

 

Paola Riva Gapany, Députée PS 

Le PeupleVS 2023