En fait, non, ce n’est pas un cadeau. Ce n’est en aucun cas de la charité. Ce n’est même pas un beau geste.

C’est normal. C’est dû. C’est mérité !

Comme si on ne savait pas que ça fait belle lurette que le 1er pilier ne suffit pas à vivre. Comme si on avait fermé les yeux durant des décennies sur une honte, une vergogne, un article de la Constitution ignoré, balayé, rangé dans un tiroir.

Les rentes de l’assurance vieillesse et survivants (AVS) ont pour mandat constitutionnel de couvrir les besoins vitaux de manière appropriée (art. 112 al. 2 b). C’est écrit, et pourtant, ce n’est plus le cas depuis bien longtemps. Avec une rente maximale de Fr. 2370.-, qui peut, qui ose encore prétendre que cela suffit pour vivre dignement ??? Et, faut-il le rappeler, la dernière hausse digne de ce nom des rentes AVS a eu lieu il y a près de 50 ans. C’est dire si la notion de dignité est méprisée dans ce riche pays qui est le nôtre.

Pour compenser le fossé entre le montant d’une rente AVS et un minimum vital, on accorde des prestations complémentaires. Près d’une personne sur dix a besoin de cette prestation aujourd’hui, sans compter celles et ceux qui n’osent pas ou renoncent à la demander. Le texte de l’initiative pour une 13ème rente AVS le précise clairement, et c’est important de le savoir : « La loi garantit que le supplément annuel n’entraîne ni la réduction des prestations complémentaires ni la perte du droit à ces prestations. »

Si l’initiative est acceptée, et cela dépendra évidemment d’une participation massive à la votation et d’un élan de solidarité essentiel, la rente sera versée en 12 fois, avec un supplément de 8.33%.

8.33 %, c’est bien moins que la hausse des primes de l’assurance maladie, la hausse de la facture d’électricité, la hausse des biens de première nécessité, et j’en passe.

Les retraité-es sont un peu semblables au personnel soignant. On les applaudit de temps en temps, on leur rend hommage, on les remercie pour leur précieux soutien de famille. Et puis, quand viendra le temps de les traiter dignement, on aura droit à des arguments tellement crasseux et puants qu’il faudra se boucher les oreilles.

En attendant de se retrousser les manches et d’envoyer une bonne claque à celles et ceux qui contestent la solidarité et la justice, profitons dans la mesure du possible de gâter nos proches, de les entourer avec douceur et bienveillance.

Le PeupleVS vous souhaite à toutes et à tous de merveilleuses fêtes de fin d’année !

À l’année prochaine !

 

Barbara Lanthemann, rédactrice en cheffe