Le 5 septembre, un groupe d’expert·es a présenté en conférence de presse un plan contenant 60 mesures d’austérité pour pallier le déficit prévu au budget de la Confédération. L’angle choisi, non pas sans raison, est celui de la baisse des dépenses publiques. Un des arguments principaux mis en avant pour expliquer le besoin d’un serrage de ceinture de la Confédération serait la 13e rente acceptée par le peuple. Or, nous ne devons pas accepter la rhétorique de retournement de la vérité que la droite nous propose.
Ce ne sont pas les progrès sociaux qui sont à l’origine de la situation financière compliquée vers laquelle nous nous dirigeons, c’est au contraire la politique systématique de vidage des caisses de la droite et de l’extrême droite qui sont au pouvoir et prennent des décisions économiquement mortifères pour les plus précaires. En promouvant incessamment une politique de baisse des impôts pour les entreprises et pour les riches, la droite s’attaque aux recettes de la Confédération et peut ainsi justifier le démantèlement des services publics au profit du secteur privé, tout en appliquant « par nécessité de couper dans les dépenses » d’autres mesures antisociales telles qu’une partie de celles proposées dans ce rapport. Cette stratégie, qui est la base du néolibéralisme, est un assaut frontal. Leur objectif est de créer de nouveaux marchés juteux, dans la santé par exemple, pour les capitalistes suisses au détriment du reste de la population.
Cependant, cette logique d’austérité des partis bourgeois est à deux vitesses. D’un côté, elle combat les tâches sociales de l’État. De l’autre, elle renforce le secteur de l’armée, dont les dépenses vont être augmentées à 1% du PIB pour 2035. Le projet néolibéral est donc simple : un État au service des riches et réduit aux fonctions régaliennes pour maintenir l’ordre et le statu quo.
Nous devons donc lutter contre cette politique pour le 1% en proposant une manière pérenne de gérer les dépenses et les recettes de la Confédération. Celle-ci ne peut être qu’en opposition totale avec ce qui est proposé par la droite et l’extrême droite néolibérale. Ne pas aller radicalement à contre-courant de l’idéologie néolibérale qui retourne la vérité afin de faire profiter les classes supérieures, mais l’accepter, même partiellement, comme de nombreux partis sociaux-démocrates, c’est assurer notre échec. Malheureusement, le PS Suisse actuel a fortement intégré une logique de négociation avec les logiques néolibérales, par exemple en tentant il y a quelques mois de passer un deal avec le Centre afin de mettre à disposition de l’armée 10 milliards de francs supplémentaires d’ici à 2030 en échange d’une aide pour la reconstruction de l’Ukraine. Une rupture totale avec cette rhétorique est nécessaire afin de ne pas renforcer indirectement l’hégémonie néolibérale. Nous ne pouvons redresser les finances de l’État que par des politiques radicalement sociales. Il faut, premièrement, taxer les ultra-riches et les grandes entreprises plus fermement. En parallèle, les secteurs stratégiques tels que l’énergie et la santé doivent être repris à charge par l’État : ceux-ci doivent être nationalisés. Finalement, les tâches régaliennes doivent être mises en second plan, voire abolies pour certaines, telles que l’armée.
Julien Berthod