Du début à la fin, la démarche qui conduit à une possible révision de la Constitution valaisanne de 1907 est l’expression d’une rassurante vitalité démocratique. D’un processus qui ne relève pas de l’incantation, mais de la recherche du bien commun. De l’enracinement autant que de l’envol. Le peuple est à l’origine; il en sera le point d’orgue. L’alpha et l’oméga. Du lancement de l’initiative en 2015 à la votation finale prévue en 2024, en passant par sa claire expression de mars 2018 lorsqu’il a plébiscité à hauteur de 73% son désir de réforme, puis qu’il a élu les 130 membres de la Constituante, le peuple valaisan a marqué de son empreinte son appel à la réflexion, puis au changement. On le dit souvent « conservateur »; il l’est probablement moins que ceux qui se plaisent à le congeler ainsi.

Au terme des travaux de la Constituante, tout en regrettant une « invocatio » de préambule par trop théocentrée, en regrettant de n’avoir pas réussi à convaincre quant à l’opportunité de créer une cour environnementale et une cour des comptes, en regrettant la timidité de l’énoncé dans l’article consacré à la non-discrimination, en trouvant numériquement trop lourde la composition future du Parlement et trop frileux le recours au système majoritaire pour l’élection du Gouvernement, je salue la clarté retenue pour la rédaction des droits fondamentaux, en particulier ceux consacrés à l’enfant, à la personne handicapée, à l’intégrité numérique, à l’intégration et à l’inclusion, au libre choix de fin de vie, à la protection des lanceurs d’alerte.

Il me plaît de mettre en évidence le fait que l’on a inscrit noir sur blanc dans ce texte fondateur le développement durable, la neutralité carbone, le droit à un environnement sain et sûr, la non-appropriation par des tiers des ressources naturelles.

Je crois bienvenues la création de six régions en lieu et place des treize districts, l’augmentation à sept du nombre de Conseillers d’Etat, la création de conseils généraux à des conditions tout à fait acceptables par les communes, la baisse du quorum à 5%, la reconnaissance de la langue des signes, l’introduction d’un congé parental cantonal, la non-pénalisation des couples mariés ou pacsés ainsi que la dépolitisation de l’organisation judiciaire avec, en sus, la création d’une cour du droit de la famille.

Et, par dessus tout, j’applaudis à l’inscription formelle d’une répartition équilibrée des genres au sein des instances politiques ainsi qu’au droit de vote et d’éligibilité des étrangers à l’échelle communale (même s’il eût été préférable à mes yeux d’éviter de l’offrir en variante lors du vote final).

Les constituantes et constituants redeviendront bientôt des anonymes, conscients d’avoir été élus pour accomplir une mission confiée par le peuple. A ce titre, ils ont eu à écrire une page d’histoire de ce canton. Pas pour eux. Ni pour leur fierté, ni pour leur gloire. Mais pour les enfants et petits-enfants qui les ont observés et qui, par leurs attentes, désormais les jugent.

En ce qui me concerne, c’est un OUI fort que j’espère entendre lorsque, le jour venu, l’horizon se découvrira sur ce texte fondamental et sur un Valais à l’âme généreuse.

Jean-François Lovey, Constituant Appel citoyen

Le PeupleVS 2023