Chaque mois qui passe amène son lot de catastrophes. Celui d’octobre n’y a pas échappé. L’Italie, la France et surtout l’Espagne ont payé un lourd tribut de ces inondations.

Ces images de rues transformées en cours d’eau emportant tout sur leur passage deviennent de plus en plus banales tant elles sont fréquentes. Et pourtant, nous avons comme souvent une part de responsabilité dans ces drames. Le bétonnage intensif est souvent cité mais il serait trop simple de se limiter à cette problématique. Car l’inaction climatique, dont la Suisse est coutumière du fait, est le point central de ces désastres environnementaux. Nous avons vu sous nos latitudes en juillet comment nous pouvions basculer en peu de temps dans une situation de crise. Beaucoup se croyaient et se croient encore intouchables. Dans un cynisme bien occidental, « nous » pensions que les catastrophes touchaient uniquement les pays du Sud ou du moins les pays plus pauvres. Mais il n’en est rien, le changement climatique touche tout le monde. Et c’est un peu un retour de bâton quand les désastres s’abattent sur les pays riches. A force d’exporter nos déchets aux quatre coins du monde, de délocaliser tout ce qui peut l’être, nous prenons de plein fouet les dérives de la jungle capitaliste. Car le problème se situe, comme souvent, là-dedans.  Construire, produire, consommer plus dans un monde aux ressources limités et aux dégâts visibles depuis des décennies, est totalement irrationnel et irresponsable. Mais ce monde s’est construit ainsi et finalement une bonne partie de la population s’est est contentée, acceptant avec fatalité les conséquences pour un peu de confort et de bonheur instantané.

A défaut d’agir concrètement contre le réchauffement climatique, notre canton pourrait au moins œuvrer et miser sur la prévention en anticipant certains problèmes. Mais il n’en est rien. Pire encore, on apprend aujourd’hui que le Valais est le champion des autorisations de construction en zone rouge. Un titre de plus dont nous nous passerions volontiers. Selon SRF, environ 430 nouveaux bâtiments ont été construits dans des endroits qui sont théoriquement interdits au cours des huit dernières années. C’est deux fois plus que dans le reste de la Suisse. Rien que ça. En voyant les dégâts énormes dans la région sierroise, il est légitime de se questionner sur les autorisations qui semblent faire fi de tout bon sens, mettant en danger une partie de la population. L’hydrologue Andreas Zischg, résume ceci en disant : « On prend sciemment un risque ». Est-ce vraiment avec ce risque que l’on veut vivre ? Est-ce que l’augmentation des catastrophes partout — y compris chez nous — ne nous oblige pas de penser au futur en essayant d’apprendre de nos erreurs ? Il semblerait qu’en Valais, nous avons toujours un train de retard, et ce n’est pas cette énième affaire qui va inverser cette tendance.

Le 24 novembre prochain, le peuple valaisan se prononcera sur la Loi climat qui vise à fixer sa neutralité carbone pour 2040. Une loi non contraignante qui servira déjà de base pour faire avancer les choses. Le Valais a la possibilité d’être, une fois n’est pas coutume, légèrement en avance sur son temps. Il serait dommage de s’en priver. Et notons également que tous les partis en Valais romand — à l’exception de l’UDC — soutiennent ce texte. Faisons donc preuve de bon sens et de responsabilité en glissant un grand OUI le 24 novembre !

Yoann Bodrito, rédacteur en chef

Le PeupleVS 2024